NUE

Louise Tessier
Juin 2013

Les yeux fermés
Nue devant sa glace
Toute la nuit elle reste
Nue devant sa glace

Statue de sel
Nue devant sa glace
Nuit après nuit elle reste
Nue devant sa glace

Prostrée
Tout le jour elle reste
Enfouie au creux de son lit

Anéantie
Jour après jour elle reste

Tapie dans le gouffre de son lit

Les nuits s’éteignent, les jours renaissent
Les nuits reviennent, les jours la laissent

L’hiver enfui, l’été revit
Nuit après nuit elle reste nue devant sa glace
Jour après jour se noie dans l’abysse de son lit

Les nuits sans songes, les jours sans rêves
Le noir la nuit, le noir le jour

Les volets clos, les yeux fermés
Un doux rêve s’est annoncé
Et le repos enfin trouvé dans le refuge de son lit

La nuit venue, nue devant sa glace
Elle entrouvre les yeux, scrute la glace
Les heures s’égrainent, le noir recule

Nue devant sa glace
Elle se rappelle
Ce corps d’antan
Ce corps d’avant

La nuit recule, l’aube rosit
La vie renaît, les larmes s’assèchent

Corps mutilé
Âme estropiée
Elle dit adieu
Adieu mon sein
Tu laisses mon cœur
À découvert