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Concours "Le sens de la vie" (novembres 2012)

Plusieurs thèmes ont été soumis au vote des membres et c'est "le sens de la vie" qui a été choisi pour ce premier concours.

Comme vous pourrez le voir, les auteurs ont fait preuve de beaucoup d'imagination et nous avons la chance d'avoir des textes très variés : nouvelles, science-fiction, essais, poèmes... 


Bravo à Marie Archenault qui gagne ce tout premier concours avec son texte "Petit coeur" ! 


Un immense merci aux auteurs : 


(par ordre alphabétique)

(* nombre de concours remportés par auteur)

Marie Archenault*

Dominique Bar
Paul Garcia*
Aurélien Harmand
Alexander Legrand
Jean-Marc Pertuiset
Sylvain Prévost
Mireille Raheb
Céline Spreux
Fanny Tosoni
Petit coeur 
Marie Archenault
Novembre 2012

Ce texte remporte le concours "Le sens de la vie" !!!

Courir sur l'herbe fraîche et mouillée. Caresser chaque brin de pelouse, se sentir bien jusqu'au bout. Se détendre, sentir vibrer la vie qui habite toute cette étendue verte émeraude.

S'envoler sur le plus beau des nuages, pour contempler tous les
Tamoul Marinière 
Dominique Bar
Novembre 2012

Levée 7 h et direction le bord de mer pour un réveil en vagues. Il faut rouler un peu de temps pour trouver la plage. Le bord de Pondichéry est protégé par des rochers. En cherchant, je repère des villages de pécheurs. Oh comme c’est pittoresque ! J’aimerais assez vous décrire ces endroits particuliers mais ils ne m’évoquent rien. Des lieux de vie que je devrais investir en tant que participant mais ce n’est pas le cas. Donc vous n’en saurez rien. Désolé. Ah si ! Un couple de pécheurs à la peau très noire semble se diriger vers moi. Ils parlent tamoul. J’ai fouillé Gibert Jeune, je n’ai jamais trouvé la méthode Assimil, à six mille non plus… J’essaye de leur faire comprendre en anglais que je ne parle pas leur langue mais ils ont l’air d’insister… Après un moment je me retire mais ils me retiennent. No fish ! Leur dis-je. Ils m’entraînent

Raconte nos vies
Fanny Tosoni
Novembre 2012

Dans la vie, il faut savoir ce qu’on veut.

Moi j’étais plutôt dans l’optique de rester dans le flou au moins jusqu’à mes 30 ans.

Bien sûr, c’était sans compter sur les parents qui, dès nos 5 ans nous demandent ce qu’on veut faire plus tard.

Alors tout le monde répond la même chose (Princesse, chevalier, acteur, chanteur…). Personnellement, quand cette question me fût posée, j’étais en panne d’inspiration, et venant de cueillir une pâquerette, j’ai répondus « Fleuriste ».

Le sens de la vie
Myrel Guilarb Novembre 2012


Faisons les mots qui ne donnent aucun miracle, foutu passé, sacré présent, dans lequel la rage me tient et me fait chialer. Ce matin en allant à mon rendez-vous irm, j’ai là, senti la solitude, le silence, me tordre, et je me suis mise à chialer. Oui, j’ai eu peur, oui j’avais peur, oui j’avais besoin de tenir la main de quelqu’un, de pleurer, de fondre dans ces larmes et me relever, neuve. Neuve. J’ai même faillit arriver en retard à ce rendez-vous.
Je ne sais plus quel chanteur disait, j’ai eut un rendez-vous manqué, moi j’opterai pour cette phrase sur ces rendez-vous manqués que nous avons tous. Mais en faisant de l’humour, en versant cette bonne dose d’humour, j’avais envie d’appeler et leur dire, vous savez, j’irai

Le sens de la vie
Céline Spreux
Novembre 2012


Marie était étendue sur son lit, à regarder le plafond, un sourire aux lèvres.

Elle avait froid, mais se sentait apaisée.

Une large flaque de sang se répandait sur son matelas au fur et à mesure qu'il quittait son corps par les orifices qu'elle avait taillé sur chacune des veines de ses avant-bras.

Elle avait l'impression de s'enfoncer doucement dans un étrange rêve tandis qu'elle perdait connaissance.

Il paraît qu'on voit sa vie défiler sous ses yeux à l’ instant de sa mort, mais comme le flash ne venait pas, Marie se mit à penser à ce qu'elle avait été.

Last of a kind
Alexander Legrand
Novembre 2012 

Richard avait enfin achevé son travail. Toute trace de son ADN avait disparu du corps jeune et ferme de sa synthé compagne. Ce dur labeur, que les longues années de répétition fatiguaient le vieil homme, était vital pour sa survie. Il ordonna à la jeune femme, faite à l'image de sa défunte femme, emportée il y a plus de cinquante ans par ce satané virus, de se rhabiller.Obéissante et disciplinée comme une simple machine, elle recouvrit son corps svelte et aux formes pleines et fermes, de vêtements élimés, qui voilèrent sa nudité.Des heures étaient désormais nécessaires pour faire disparaître jusqu'aux effluves de sueur de Richard, même son haleine était effacée, le vieil homme travaillant dans un local aseptisé en combinaison imperméable.Pour quelle raison ce rituel hebdomadaire ?
Éviter que sa compagne, seule habilitée à sortir à l'extérieur sans provoquer maints problèmes, puisse parvenir jusqu'à l'orée de la ville pour y récupérer les denrées de la semaine dans le sac qu'il lui confiait.Un bref signe de tête et la synthétique sortit par le sas conduisant vers les escaliers de la tour où il vivait depuis vingt ans...Vivait seul, ou du moins avec cette parodie d'Alice.Prenant le second sas à l'opposé, il retrouva son appartement où seule une fenêtre donnait sur l'extérieur, la lumière tamisée par les longues lamelles du store plaquant sur le sol de longues traînées blanches.Il ôta sa combinaison, la mettant dans le conteneur qui allait se charger de nettoyer en profondeur sa seconde peau, puis il s'approcha du mur près de la fenêtre, pour observer la rue en contrebas.Spectacle habituel.Rues bondées, gens qui se croisent sans se regarder, s'évitant de justesse avant un choc frontal. Si ce n'est qu'aucune personne errant dans l'artère ne possédait une goutte de sang réel. Tous des synthétiques. Sans but autre que de trouver un humain à aimer. Telle était leur raison d'être. Depuis la libération du virus gynécide par un illuminé religieux, prétextant que la femme était la responsable de tous les maux sur la surface de la terre, et qu'elle corrompait l'Humanité par sa seule présence, les synthétiques furent conçues pour palier à l'absence de la gent féminine, et ce, tant que durerait les recherches génétiques pour redonner un espoir de survie au genre humain. Malheureusement, ces recherches n'aboutirent jamais, et peu à peu, les hommes vieillirent et moururent, les uns après les autres. Tout d'abord de simple vieillesse, mais plus tard, pour les derniers enfants de ce monde en perdition, par l'amour immodéré des synthétiques, qui s'entre déchiraient pour posséder les rares humains encore en vie et qui mourraient la plupart du temps des mains de leurs prétendantes assidues d'un accident malencontreux. Cruelle ironie du sort.Richard continuait à observer la rue, comme chaque jour depuis qu'il s'était cloîtré dans ce clapier, vingt longues années de cela, en quête d'un humain, un vrai, tout comme lui. Non pas que Alice Bis n'était pas de désagréable compagnie, il l'avait patiemment reconfigurée pour qu'elle puisse avoir une sorte de libre arbitre primaire, et ces années en sa compagnie lui avait fait comprendre, autant qu'une machine puisse comprendre les choses, à quel moment il souhaitait rester seul, de même que la nécessité qu'à un humain à se nourrir.Tout à sa contemplation du trafic, vingt étages plus bas, son esprit divagua, revenant à l'époque où Alice était toujours de ce monde.Tout n'était pas rose, les cris, les scènes, la vaisselle qui volait...Alice était caractérielle, d'aucuns l'auraient affublée de termes peu élogieux : acariâtre, mégère, susceptible, lunatique, et autres noms d'oiseaux...Mais il était éperdument amoureux de sa petite femme, dont la longue chevelure brune mettait en valeur le bleu de son regard, qui savait aussi se faire doux, sensuel et langoureux. Ses sautes d'humeur lui manquaient aujourd'hui. Il avait en face de lui une pâle imitation de son Alice, qui se contentait de l’assaisonner de mots d'amour creux, de caresses d'une douceur toute mécanique et sans âme. Mais vivre seul et caché le peu de temps qui lui restait lui serait par trop insupportable. Mais était-ce une vie qu'il menait depuis tant d'années ? Cloîtré dans ce clapier qu'on appelait autrefois un appartement, sans pouvoir sentir le vent lui fouetter le visage, le soleil lui réchauffer les os, le pépiement des oiseaux....et tant d'autres choses qui aurait pu donner un sens à son existence. Au lieu de cela, il vivait pour continuer d'exister, et non pour vivre tout simplement.Il vit apparaître Alice en bas de l'immeuble, et là, un bref instant, il pensa à la rejoindre, comme il lui arrivait très (trop?) souvent. Il se voyait, faisant fi de toutes précautions, descendre dans la rue, encerclé par ces automates high-tech dont la programmation était vouée à lui prodiguer toute leur attention et mourir dans la cohue de centaines de corps se bousculant pour l'emporter dans leurs bras.Il avait autrefois été témoin d'un tel phénomène, lorsque les humains n'étaient déjà plus qu'une poignée. Un pauvre hère s'était retrouvé acculé dans une impasse en bas de l'immeuble, face à plus de trente synthés qui, tels les morts vivants des films d'antan, s'étaient précipités vers lui pour l'agripper pour elles seules. Et comme des gamines se chamaillant pour la possession d'une poupée, le pauvre homme se retrouva démembré, plusieurs corps mécaniques jonchant le sol près du cadavre. Les synthétiques intactes ou encore en état de marcher semblaient contempler le spectacle macabre d'un regard intrigué, avant de reprendre leur quête d'humain à combler "d'amour".Seulement, des humains, il ne devait plus en avoir qu'une poignée dans le monde...Peut être était-il même le dernier de son espèce.Cette pensée, d'être le dernier d'une race qui allait s'éteindre avec lui, lui traversait l'esprit par moments. Après tout il n'était plus tout jeune, allant sur ses quatre-vingts-dix ans, grâce à sa seule prudence et sa retraite dans ce cloître qui le rendait de plus en plus claustrophobe, d'année en année.A quoi bon persister dans ce monde en ne vivant que pour perdurer ? L'instinct de survie, ce réflexe atavique qu'il tenait des premiers bipèdes qui foulèrent le sol de ce monde, le maintenait en vie, parfois malgré lui.Après tout, qui l'obligeait à s'infliger ce style de "vie" ? Il ne pouvait se tourner vers une figure mythique de Père le pointant d'un doigt accusateur pour avoir de telles pensées de mort. La foi n'était déjà pas sa tasse de thé avant la disparition de ses congénères de l'autre sexe, alors maintenant...Il finit par retourner à son vieux divan, une douleur enserrant sa poitrine lorsqu'il se tenait debout trop longtemps lui rappela son âge et sa condition physique déclinante.En s'allongeant, il crut un instant que la souffrance allait se calmer comme à l'accoutumée. Elle ne fit que s'intensifier, et devint vite intolérable. Sa respiration se fit de plus en plus pénible, et il se demanda depuis combien de temps Alice était partie, espérant son retour, pour lui prodiguer toutes les attentions pour soulager ce malaise."A-liiiice, reviennns." souffla-t-il entre ses dents serrées à en briser l'émail usé.En retirant, avec grand peine, sa montre qui semblait si serrée qu'elle allait lui broyer le poignet, il put déchiffrer, à travers la brume qui se profilait devant ses yeux noyés de larmes de douleur, que sa synthétique était partie depuis plus de deux heures.C'était le temps qu'elle mettait à peu près pour faire l'aller et retour de ses recherches de nourriture en dehors de la petite ville. Entre deux serrements atroces au creux de son poitrail décharné, Richard crut percevoir le bruit du sas s'ouvrir, et un pas précipité se diriger vers le divan où il gisait.Un visage familier se tenait devant le sien. Il put voir son Alice lui prodiguer les premiers soins, avec toute la rigueur et le professionnalisme d'un médecin. Ce savoir lui avait été intégré à sa programmation de base. Lorsqu'il s’aperçut que la synthétique se relevait lentement et que sa douleur était toute aussi présente qu'auparavant, il comprit qu'il y avait un problème.Alice se dirigea d'un pas lent, le dos voûté, vers la fenêtre, avant de faire face à l'humain."Mon amour, il ne te reste qu'une ou deux minutes à vivre...Je t'aime."Pour la première fois depuis qu'il était avec cette machine, le vieil homme crut déceler une véritable humanité dans la voix de la jeune femme."Je n'ai plus aucune raison d'exister." Dit-elle en ouvrant en grand la vitre, laissant entrer un air frais dans la pièce, une petite brise fouettant le visage du vieillard pour la première fois depuis des années.Elle lui fit face à nouveau et s'approcha pour le saisir à bras le corps, avant de l'emmener vers la clarté de cette fin de journée.La lumière, sans lui faire passer la douleur qu'il ressentait, lui procura un peu de réconfort.Au dehors, la foule de Synthétiques se tourna vers l'immeuble, contemplant certainement le dernier humain sur Terre. Elles ne firent aucun mouvement lorsque leur congénère enjamba l'ouverture, chargée de son encombrant fardeau, pour se jeter dans le vide.La dernière image que crut voir Richard, fut une larme couler le long de la joue de sa compagne.Il succomba dans ses bras avant même de toucher le sol.Au milieu des restes sanglants qu'il laissa sur le trottoir, étaient mêlés ceux d'Alice, brisée et désarticulée comme une poupée malmenée.

Derrière la vitre

Derrière la vitre
Sylvain Prévost
Novembre 2012 


Le contact de la clé dans la serrure fit résonner dans le hall un bruit sourd et métallique. Autour, les murs en béton de la résidence HLM semblaient saigner sous le poids des tags et autres inscriptions obscènes. David poussa la porte du petit appartement de sa mère avec le sentiment vertigineux de faire un bond de quinze ans dans le passé. Que faisait-il ici, à cette heure indue ? "C'est le col du fémur ! Tu sais mon frère, elle a dû rester plusieurs jours par terre sans pouvoir bouger. Cette dame, elle sortait jamais de chez elle. Elle parlait pas. Elle avait pas d'amis. Nous on savait pas qu'elle avait un fils ! C'est quand on a senti l'odeur...". Les paroles du vieux maghrébin se bousculaient encore dans sa tête lorsque David pénétra dans l'appartement, avec la désagréable sensation d'être un profanateur.

C'était un petit appartement simple aux murs jaunis par la nicotine. Les meubles avaient été débarrasés par Emmaüs la veille et seuls quelques objets demeuraient encore sur le sol, de manière éparse. L'espace anormalement vide teintait le décor d'une tristesse intemporelle. La trace des meubles contre les vieilles tapisseries à fleur était toujours visible, comme fossilisée par le temps. David déroula un grand sac plastique : il fallait vider l'appartement avant l'aube puisque l'office HLM souhaitait le relouer au plus vite. Alors qu'il se débarrassait de vieux livres de cuisine, David fut soudain transporté dans son enfance : il se revit assis avec ses parents autour de la table. Un père effacé, une mère froide et distante. Une enfance pauvre. Un adolescent craintif. Mais le souvenir des bons repas qui réchauffaient les coeurs. David sentit le souvenir éthéré de sa mère planer dans le vieil appartement : depuis quand avaient-ils perdu contact ? Quinze ans s'étaient écoulés depuis le suicide de son père. David se souvint du visage de sa mère. Une mère figée à jamais dans son mutisme. Une mère glacée qu'il avait pourtant rêvé d'enlacer tendrement, toute sa vie durant.

Dehors la neige dansait. David pouvait voir les flocons épais valser langoureusement puis mourir sur les toits de la cité. En contrebas, la faible lueur des réverbères donnait aux barres HLM une atmosphère inquiétante. David avait cherché en vain un souvenir qu'il aurait pu conserver de sa mère. Une photo, un parfum, un bijou. Mais il n'avait rien trouvé de tout cela dans l'appartement. Uniquement des objets impersonnels, rien de vraiment réel, comme si sa mère n'avait fait qu'effleurer sa vie. Ne surtout pas laisser de trace. David regarda sa montre. Il se faisait tard et bientôt la cité reprendrait ses droits. Il ne restait qu'une pièce à nettoyer, sans aucun doute la chambre. Lorsqu'il appuya sur l'interrupteur, son coeur se figea en apercevant les dizaines de cadres en laiton accrochés aux murs. A l'intérieur des cadres, des papillons sous verre. Des insectes morts, conservés avec de l'acide borique et du coton. Derrière les vitres poussiéreuses : des écailles irisées, des ailes luminescentes aux dessins improbables, des formes d'un bleu intense, une explosion de couleur. Parnassius apollo, Polyommatus icarus, Saturnia pavonia, Brenthis daphne : la collection de lépidoptères défilait sous les yeux troublés de David. Un cadre avec une vitre fendue attira son attention. Acherontia atropos. Sphinx tête de mort. Il se souvint avoir été lui aussi fasciné par cette incroyable tache sur l'abdomène de l'insecte. Il se souvint de la gifle douloureuse qu'il reçut de sa mère lorsqu'il fit tomber le cadre. Seul face à ces papillons morts, David sentit son sang se glacer. Comme happé dans un mauvais rêve, il se vit derrière un miroir, frappant de toute ses forces contre la paroi de verre, hurlant son désir de vivre. Mais ses cris étouffés s'évanouirent dans le labyrinthe de sa mémoire. Dehors, la neige avait cessé de danser.

David jeta le grand sac poubelle dans le container à ordures. Un bruit de vitres brisées retentit dans la cour de l'immeuble et quelques visages hostiles surgirent des fenêtres. Dans quelques heures, tout ce qui appartenait à sa mère aurait disparu à jamais. David regagna la parking puis s'enferma dans sa voiture. Derrière la vitre teintée, la cité s'animait calmement. Un homme s'éloignait au loin avec son enfant, un sapin de Noël sous le bras. David prit son téléphone. Des larmes silencieuses glissaient sur ses joues. "Allô Sarah ? C'est papa. Oui, je sais. Ca fait longtemps...".
La vie a-t-elle un sens ?
Jean-Marc Pertuiset
Novembre 2012
 
Lorsque j'ai pris connaissance de ce sujet, je me suis dit, voici un sujet souverain, un thème aussi généreux que.....vaste. C'est pourquoi, je n'ai pas voulu écrire une fiction ou autre faire-valoir mais bel et bien revenir dans un domaine qui semble être oublié (malheureusement), la philosophie ! Quoi de mieux que quelques sophistes et philosophes pour nous éclairer sur un thème aussi vaste?
Le choix de ce sujet est des plus ardu étant donné qu'il n'est pas précisé s'il faut parler de la vie universelle, humaine et même individuelle.
Par choix ultime, je choisirais la vie de tout être humain, celle que tout à chacun de l'homme traverse.

Je cours

Je cours 
Sylvain Prévost
Novembre 2012


Je cours. Porté par le poids du monde qui fait sens. Comme une évidence. Je cours. Tout feu tout flamme, je consume mon âme. Je défie le temps, les cheveux dans le vent. Je cours. Entraîné par la main d'un Dieu, d'un ami, d'un enfant. Animé par ton amour, je cours.

Je pense. Abîmé par ton absence, je pense. Je cherche ta main devenue sable. Le temps me défie, implacable. Je danse le vague à l'âme avec ma conscience. Comme une évidence. Déporté par le poids d'un monde dépourvu de sens, je pense.
La prison Paul Garcia
Novembre 2012 


Dans la prison tout est triste, tout est gris, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les jours passent comme des heures, dans une monotonie implacable, dans un rite absolu où tout mouvement, toute lueur, toute attitude sont régulièrement programmés, prévisibles. Aucun événement extérieur ne peut perturber ce rythme lent, destructeur de toutes énergies. Mes gardes accentuent cette sensation en se composant un visage aussi sobre, aussi sympathique que toutes les portes de ma geôle : strictes et efficaces. Tout comme mes frères d’infortune, je subis, sans réagir, sans aucune volonté de me révolter contre cette ambiance, car j’ai été jugé coupable et je l’admets, je l’étais. C’est le sens de ma vie.

Mon crime est le pire des crimes que l’être humain peut commettre dans cet univers mesquin, j’ai tué mon seul amour. J’ai laissé s’enfuir de ce monde composé de millions de fourmis, de nains universels, un être cher qui m’a donné tout son amour, qui dans ma chair a laissé une trace indélébile, éternelle, tout au moins tant que, sur cette terre, un souffle de vie me sera accordé.

Dans une France qui était peuplée à l’époque d’une soixantaine de millions d’individus, le hasard, manipulateur subtil, a voulu que nous nous rencontrions, a décidé que deux êtres isolés, perdus dans un monde où ils se sentaient inadaptés, se découvrent pour le bonheur d’un amour et le malheur d’un drame, si ce n’est l’inverse.

Inconscients de cette aventure écrite par un destin sadique, nous avons accepté d’apprivoiser nos peurs d’enfants, de mettre en commun nos espoirs futiles, de partager des moments de rêves consentis, de nous mentir pour maintenir la subtile fragilité d’un couple, de nous aimer hypocritement, pour l’un, passionnément, pour l’autre, en attendant mieux. Le piège s’est refermé sur le lucide, sur le profiteur, sur le fier, sur l’orgueilleux, sur l’individu imbu de sa personne, le piège s’est refermé sur moi. Encore une fois la vie avait joué avec moi, allais-je gagner  ?

Progressivement, l’amour a grandi, les sentiments se sont épanouis, sans qu’on y prête une attention quelconque. J’ai laissé faire, en pensant qu’à tout moment je pourrais maîtriser le phénomène. Mais il n’en fut rien : quand cet amour s’est fragilisé pour une futilité, je l’ai laissé s’enfuir sans en prévoir les conséquences néfastes. Il a disparu de mon monde, de mon quotidien et j’ai senti, en égoïste sublime, à ce moment tardif, que j’en avais besoin, qu’il était essentiel pour mon équilibre, qu’il m’était vital.

Avec maladresse, j’ai tenté de le faire renaître, de le reconstruire en me faisant
miel, en suscitant des réactions de tendresse, en multipliant les gestes d’attention, mais rien n’aboutissait. Le mal était là. Il faisait son œuvre destructrice, en s’associant avec l’indifférence et l’attitude inconsciente qui se caractérisa par le repli sur soi de l’être aimé. Devant ce mur construit par l’autre, j’étais impuissant. Et au lieu de réagir, de me battre pour sauver tout ce qu’il était possible de sauvegarder, je me suis plongé dans mon monde, dans un univers précaire où l’intermittence tant du travail que des relations était de mise: je me suis drogué au boulot, comme d’autres le font à la cocaïne ou avec divers expédients. Cette éphémère escapade me rendit, bien au contraire, plus fragile que d’ordinaire : les missions se multipliaient et mes cicatrices sentimentales grossissaient, amplifiant mon mal de mâle délaissé. Je ne voyais plus aucun sens à ma vie.

Abattu par le mutisme de mon amie, par la dégradation de nos relations, j’ai été atteint par cette maladie du solitaire : le repli sur soi, le recours au rêve éveillé réparateur. Mais en guise de rêve, de paradis retrouvé par l’implication d’un miracle, j’eus droit au cauchemar. Il se matérialisa par un bristol anodin, signé par la sœur de ma compagne perdue. Il me stipula un drame inconcevable et me plongea dans un désarroi insondable, tant sa profondeur était immense. Mon amour avait perdu la vie, lors d’un sordide accident : une ruée folle d’usagers incontrôlables de métro l’avait fait glisser sous les roues d’une rame. Poussée, balancée, jetée ou tombée par sa propre volonté, je n’en sus jamais rien. Dans un crissement de roues, le vide s’empara d’elle pour l’éternité. En quelques lignes, la sœur avait démoli mes espoirs, détruit toute mon âme.

Mais ces lignes, écrites dans un style maîtrisé, me semblaient suspectes. Cet accident était trop cruel pour être réel. Cachait-il un acte désespéré  ? Je le répète, je ne l’ai jamais su.

Alors je me suis rendu à l’évidence et aux autorités de mes sentiments, prêt à subir la punition que je méritais. Et depuis, dans cette prison triste où tout est gris, je subsistais. Les jours passaient comme des minutes, avec la même régularité monotone. Mon travail m’avait lâché et je n’avais rien fait pour le retrouver, pour revivre socialement. J’avais tout abandonné et j’avais accepté la prison. Une prison, une geôle, un isolement consenti, telle était ma damnation. Je n’avais plus aucune énergie, plus aucun besoin, plus aucun tracas, plus aucune envie, plus aucune vie. Le temps agissait sur mon organisme comme un meurtrier consciencieux, il œuvrait en silence avec mon lâche consentement.

Il y avait dans ce beau monde plusieurs façons de mourir : on pouvait mourir de vieillesse, dans son lit, en laissant agir la nature. On pouvait aussi périr bêtement en traversant une rue et se faire happer par l’un des nombreux véhicules grondants que la société moderne avait inventés sans pouvoir maîtriser leurs effets néfastes. On pouvait tout aussi bien disparaître en héros moderne, en chevalier médiatique, en faisant des reportages risqués au Kosovo, en Afghanistan ou en Israël pour nourrir les besoins en informations d’une nation inculte et conditionnée pour consommer le futile autant que le superflu. Les événements avaient choisi pour moi une autre forme de mort ou, plus exactement, j’ai choisi le dépérissement dans l’isolement, dans une prison digne et à la mesure de ma couardise morale.

Mon allure physique se transforma, d’être fringant je devins épave humaine, grossissant à vue d’œil, négligeant toute propreté capillaire, délaissant rasoir et brosses en tout genre. Je ne m’alimentais plus que d’ersatz de nourritures tant terrestres qu’intellectuelles, mais en quantité désordonnée, quasi continuellement pour que le vide, le néant, qui comblaient ma vie, disparaissent le temps d’un grignotage aléatoire. Dans cette prison, l’obèse apparut et sa vie, son temps n’avaient plus aucun sens, une mort aurait été plus douce. Comme dans un jour sans fin, par routine, les subterfuges d’une existence prenaient le pas sur mes états d’âmes morbides et prolongeaient la sensation morne d’être pour simplement être.

Les gardiens de ma folie étaient là pour me le rappeler : Internet, télévision, radio, voisinage, pauses naturelles, nourriture et parfois humour entretenaient l’illusion, alors que je ne réclamais qu’une occlusion définitive, une mort clinique.

Dans mon univers d’un appartement de soixante dix mètres carrés, j’acceptais mon sort, ma déchéance, parce que j’avais omis de vivre l’instant, de m’impliquer dans les moments essentiels et de déclarer à mon amie ma flamme, pour consumer avec elle un amour fort et passionnel. Mon cri de désespoir ne pouvait plus rien :  Bébé reviens, je t’aime  !  Le mal était fait. J’allais errer dans mon monde, attendant ma déchéance finale, implorant un changement radical d’état, il n’y avait plus de vie dans mon désespoir, il n’y avait plus de sens dans ma vie. Je n’avais plus qu’à me pendre à la branche d’une étoile perdue dans une nuit morbide. Mais à ce jour, je ne l’ai toujours pas trouvée.
PAUL GARCIA

Pour celle qui avait posté un commentaire sur ce texte, je tiens à lui préciser que c’est le début d’un de mes romans “La confession d’un lâche”, à ce jour pas publié, mais je ne désespère pas.
312
Aurélien Harmand
Novembre 2012

Les soirées du jeudi soir n'étaient vraiment pas pour elle à en juger l'état de fatigue dans lequel elle avait traversé sa journée. Et celle-ci, malgré l'heure tardive n'était pas finit.

Trois minutes! Seulement trois minutes qu'elle avait quitté son appartement, seulement le temps d'allé au bout de la rue et... il manquait quelque chose, elle avait oublié quelque chose... portable ok, clefs ok...ok, mais non... Bref, de toute façon il lui restait 7mn avant d'embaucher donc pas de retour possible.


Deux heures de travail l'attendait. Travail n'était pas vraiment le mot à employer vu l'intensité et l'incohérence de la tâche à accomplir. Un ticket poinçonné, quelques couloirs , quelques volées de marches et elle s'engouffrait dans le métro. Et voilà, et pourquoi? Pourquoi se retrouvait-elle dans la rame de Marc l'accordéoniste? Fallait-il ajouter à l'odeur et à la saleté du métro une nuisance sonore supplémentaire? Cette horrible musique ajoutée à sa fatigue, emplifiait son mal de crâne. Mal de crâne dû à ces merveilleux bonbons rose qu'elle avait pris quelques heures avant de se coucher pour pouvoir mieux profiter de cette soirée mémorable. Quoi de mieux que de découvrir une boîte inconnue de la majorité, puisque qu'illégale, où toutes les drogues et les nouvelles technologies étaient autorisées? Deux stations, ça devrait aller. Elle n'aurait pas été retardée elle aurait été travailler à pieds bien tranquillement, comme d'habitude. De toute façon l'hiver arrivait et la chaleur le fuyait donc le métro n'était pas non plus une punition. Non contente d'arrivée à destination, elle se précipita hors de la rame et allant d'une démarche rapide vers la sortie, elle croisa quelques personnes dégoulinantes. Cétait ça, le parapluie.. oublié.

Une minute de course sous la pluie suffit à la tremper. Tous juste à l'heure. Comme cinq soirs par semaine, elle franchissait l'entrée, se rendait au troisième, rencontrait le même type à l'accueil, lui laissait la totalité de ses affaires, passait le portique de sécurité et récupérait la clef 312.
Un tour de serrure dans la 312, dans un couloir qui laissait voir une dizaine de portes similaires et elle entrait dans son bureau. Bureau merveilleusement propre. Des murs gris clair, un sol gris pailleté de ceux dont on se demande s'ils ont choisit le plus laid de la gamme comme d'un fait exprès, un merveilleux néon, une chaise simple mais confortable, un bureau, un ordinateur et un téléphone. Voilà à quoi se résumait son travail, pas de collègue, elle ne connaissait personne excepté le type de l'accueil. Du genre "bonjour" - "Bonsoir".

Cent vintgs minutes à attendre que le téléphone sonne, qu'on lui donne une série de numéros, qu'elle les rentre dans le logiciel qui lui même redonnait une série de chiffres et de lettres qu'elle transméttait par e-mail à une adresse cachée. Alors que dire de tout ça? Ca n'était pas vraiment enrichissant, ça ne faisait rencontrer personne, c'était plutôt ennuyeux, c'était plutôt bien payé. C'était surtout ça, deux heures par jour en semaine c'est tout ce qu'on lui demandait, ça payait son loyer et un peu plus. Quand on est étudiante, c'est trés bien.

Alors pendant tout ce temps, ce temps où elle attendait ces chiffres, elle avait bien réfléchi au but de son travail. Pourquoi? A quoi servait-elle? C'était assez pathétique de se dire qu'on était un pion utilisé comme un relais entre... entre qui? Elle ne connaissait pas non plus son employeur, une annonce sur internet, quelques questions et elle était prise. Probablement que cet employeur en connaissait bien plus sur elle. Depuis trois mois elle venait ici. Et l'homme de l'accueil? Connaissait-il plus de chose qu'elle? Ou bien comme elle était-il embauché pour prendre des affaires, vérifier le portique de sécurité et donner des clefs sans poser plus de questions? Elle devrait lui demander...
Téléphone.

C'était Marc encore.

"oui c'est bon"

"ok, 785 249 56 200 010 33 544 114 2222 99 618"

"785 249 56 200 010 33 544 114 2222 99 618"

"c'est bon"

Qu'est qu'il est sympa Marc quand même! Des chiffres encore, elle avait bien essayé de leur trouver un sens, mais ils n'avaient à première vue aucun rapport entre eux... Numéros de téléphones, numéros de compte bancaires, dates, coordonnées géographiques, codes à déhiffrer, date de naissance... Mais non, ça n'avait rien donné. Bon de toute façon elle les avait devant elle juste le temps de les rentrer dans son logiciel qui les criptait, lui donnait une nouvelle série de chiffres et de lettres qu'elle devait envoyer par mail... Et le travail était fait.

Elle était peut-être complice de terrorisme, ou l'objet d'une grande étude du comportement humain, ou juste un pion sans importance. Et puis? Combien de personnes font la même chose toute la journée en sachant ou non à quoi cela sert sans penser aux conséquences? Ca paye un loyer on ne va quand même pas tout foutre en l'air pour des hypothèses, pour des gens qu'on ne connait pas.

Les mêmes questions comme chaque soir. Affalé sur sa chaise, la tête posée sur ses bras croisés sur le bureau, les cheveux trempés, dans l'attente d'un hypothétique futur appel. Et oui parfois Marc n'appellait jamais. Parfois il appelait une dizaine de fois, parfois il avait une grosse voix, parfois il était entouré d'autres personnes, dans une foule, parfois il était une femme. Mais il ne restait jamais longtemps au téléphone. L'envie lui prenait de lui poser des tas de questions, de ne pas respecter le protocole, mais c'était le licenciement assuré. Alors non. Et si elle ne répondait pas? ça changerait quoi? Un maillon manquant briserait-il toute la chaine, ou bien Marc tomberait sur quelqu'un d'autre. Aprés tout elle n'était que la 312. C'était bien que dans les autres pièces il y avait du monde.

Cette fois-ci, pour la première fois, elle ne respecta pas le protocole, le temps de réaliser qu'elle n'était pas chez elle, qu'elle sétait endormie, que le téléphone sonnait... Elle répondit à la quatrième sonnerie, lui échappant, prononça le prénom de Marc, ce qui étonna son interlocuteur. Le protocole n'étant pas respecté, un prénom qui plus est ayant été prononcé, l'homme à l'autre ne bout de la ligne ne pouvait ainsi pas se livrer à sa tâche et raccrocha précipitamment. Les numéros ne purent être donnés, ne purent être rentrés dans l'ordinateur. Aucune autre liste ne lui fût retourrnée. Aucun e-mail ne fût envoyé. Elle resta figée, réalisant ce qui s'était passé. Et rien ne se passa plus. Elle ne reçu pas d'autres appels et finit son travail 10mn plus tard, elle reprit ses affaires à l'accueil, rentra chez elle à pieds. Qu'avait t'elle fait? Qu'allait faire l'homme qui n'avait pas donné tous ses chiffres. Sa vie ne changea pas, son engagement prit fin rapidement. Sa vie reprit sa banalité.
Toutefois, son action n'avait pas vraiment été sans conséquences, mais pas pour elle, et pas ici, ni maintenant. Son acte aurait des répercussions dans ce temps futur où les appels étaient émis. Ce temps qui avait besoin du passé pour pouvoir vivre.

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