Le sens de la vie
Myrel Guilarb Novembre 2012


Faisons les mots qui ne donnent aucun miracle, foutu passé, sacré présent, dans lequel la rage me tient et me fait chialer. Ce matin en allant à mon rendez-vous irm, j’ai là, senti la solitude, le silence, me tordre, et je me suis mise à chialer. Oui, j’ai eu peur, oui j’avais peur, oui j’avais besoin de tenir la main de quelqu’un, de pleurer, de fondre dans ces larmes et me relever, neuve. Neuve. J’ai même faillit arriver en retard à ce rendez-vous.
Je ne sais plus quel chanteur disait, j’ai eut un rendez-vous manqué, moi j’opterai pour cette phrase sur ces rendez-vous manqués que nous avons tous. Mais en faisant de l’humour, en versant cette bonne dose d’humour, j’avais envie d’appeler et leur dire, vous savez, j’irai

toujours là ou mes pas me mènent, là où rien n’est droit, là où mes rêves me portent, et que j’ai la trouille au bide, que j’ai pas envie de venir, de trancher dans cette putain de réalité, de dire à la réalité : s’il te plait ne me coupe pas de toi, il me reste tant de sens de la vie à vivre, en ta compagnie… juste vivre tu sais … avec tous les moyens que tu m’as offert, et non pas juste les analyser et les écrire… vivre.. en apprécier l’instant…
Là en cet instant, je pleure. Pleurer le résultat. L’accepter. Accepter que finalement oui, mon corps dit stop, je n’ai plus de force, mais je l’ai encore. Là en cet instant, je reviens sur ce que sera demain. Quand on sait à quoi on est exposé, quand on le sait, les obstacles deviennent moins dur à franchir.
J’inspire. J’expire. Je me demande si certains savent la chance qu’ils ont de bien inspirer expirer. Je suis posée. Indisposant les rêves qui sont dérangés par la vraie réalité. Je n’y couperai pas. Ça devient de plus en plus étroit. Ça devient de plus en plus une suspension sur le fil, et je dépends vraiment de la force dont souffle le vent. Mais de toute façon, nous dépendons tous de la force dont souffle ce vent, sauf que certains d’entre nous sont plus fragiles, et qu’ils savent qu’ils n’ont pas le droit à certains gestes, qu’ils doivent se ménager. On m’a offert la vie, j’ai un peu gaspillé certaines choses, la vie m’apprend que la santé reste un élément essentiel pour apprécier tous les sens de la vie…
Encore des douleurs à la tête. Normale c’est la tête qui a bobo. Je savais qu’elle avait bobo. Je savais puisque ça m’a tellement démangé ce mal, que je ne pouvais l’oublier. Je ne pouvais passer à côté sans même le frôler. Jamais absent, toujours résistant, dans mes nuits, mes jours, même quand ma douce folie intervenait pour un parfum de bienêtre.
Ma tête a bobo.Doubles vaisseaux sur lesquels il faut intervenir, avant qu’ils n’explosent, avant qu’il n’y ait hémorragie.
Toujours du côté gauche, ah ce côté gauche qui déstabilise ma route.
Ce côté gauche toujours partant pour me montrer qu’il existe, que je peux me noyer si facilement, si je l’offense trop.
Silence… J’ai tellement cherché le bien être sur les pages qu’aujourd’hui il m’apprend qu’au lieu de l’écrire il fallait juste le vivre.
J’ai mal à la tête. Le médecin me fait mal à la tête pendant qu’il me parle. je suis calme. Je suis fluide. Je suis ignorante. J’ai envie de lui demander pourquoi ?
Je rigole. Je dis que la mécanique humaine est tellement bizarrement faite.
Il ne sourit même pas , normal, il est médecin. Il diagnostique, la peur lui, il ne sait pas. Il sait les bobos, il sait que : Madame , la seule option pour moi est l’intervention chirurgicale. Je  faxe mon compte rendu à votre neurologue. Vous prenez en urgence rdv avec elle. J’attends sa position.
Je lui ai tiré les vers du nez, puisque comme dit Stéphanie chérie, il me manque aussi 10 années de médecine pour comprendre leur charabia.
Voilà.
Je sais. Comme j’ai toujours su de toute façon que nous y passons tous. Mais il y a le passage dans l’inconscience, et le passage dans la raison. Savoir. Savoir ce qui est si fragile dans le cerveau, plus fragile que d’autres, et entendre ces battements de douleur, et chaque instant se dire, peut être que là le sang est en train de s’échouer petit à petit, pour m’emplir le corps entier.
Peut-être. La conscience permet de relativiser, certes, mais il fait soudain mal de savoir .
Qu’est-ce que je fous là, qu’est-ce que je fais, quelle saison somme nous, j’entends mon sang couler, je vous en prie qu’il n’explose pas.
J’enroule mes rêves dans une flaque d’air. Je souris. Je pleure. Je sais que j’ai peur. Je suis dévorée de questions. J’ai besoin de silence. Besoin de ne pas parler. Je sais que vous m’aimez. Vous qui avez marqué présent. Je suis comme dans une course, je repousse tout, comme le sportif qui repousse au plus loin ses limites.
Je hurle.
Aujourd’hui j’ai mal
Le sens de ma vie, ma vie est dans un sens ou tout est un peu presque interdit, et je dois aller au-delà de bien des interdits : juste vivre. C’est ça l’essentiel finalement.
Du haut de ma colline, je vois le monde joli. Du haut de ma colline les formules magiques ne marchent toujours pas, les herbes ne sont pas plus empoisonnées qu’ailleurs, ou moins. Du haut de ma colline, j’amène mon crayon et j’écris, c’est bien le seul moment où je retrouve le calme. Du haut de ma colline inventé, je voudrais jouir du sens de la vie sans me demander si mes anévrismes vont se couper, je voudrai juste donner un autre sens et qu’à force de touiller dans le café et que le marre s’éparpille sur les parois de la tasse, et de mettre des si et des questions partout là où il ne faut pas, il faut juste prendre le temps de la vie, vivre, et s’émerveiller chaque instant dans un moment de paix total en soit.
Le sens de la vie reste de ne plus se poser des questions sur ta façon d’être, ou de faire, et de ne surtout pas se compliquer la vie, et d’apprécier les instants que la vie nous offre, surtout si la santé nous permet de réaliser des parcours que la non santé ne peut permettre…Je ne dois pas gonfler mon cerveau. Je ne dois pas rire fort. Je dois modérer mes paroles. Je dois respirer à petite dose. En même temps, tout est contradictoire, je suis dehors, alors qu’il parait que je dois être dedans dans un bloc opératoire… non, pas cobaye.. juste un être humain à sauver et que cet être humain est en train de réaliser que le sens de la vie c’est de ne plus trop chercher midi à 14 h, mais de se donner les moyens de vivre, non pas juste écrire la vie…
Je suis dans un état de larmes qui devraient me faire du bien. Du haut de cette colline, je suis aussi dans les fonds des océans ou tout me semble paisible. Loin d’une humanité criarde et qui attends toujours quelque chose de quelqu’un. Les poissons, les requins, les fleurs des fonds marins… Tout me semble aller avec tout, l’un se nourrissant de l’autre que par simple sujet de survie.Pas comme iciJe parlais de quoi en fait ? Des parois de mon cerveau malade ? Toute ma vie durant, je me suis battue, débattue, accroché à mes rêves pour ne pas que je succombe. Toute ma vie durant j’ai oublié que j’avais droit au bonheur et qu’on pouvait s’occuper de moi. Toute ma vie, sauf en cet instant, à deux doigts de savoir que je peux soit mourir vite soit devenir handicapée, j’ai senti une fois, la seule dans ma vie, que le seul sens de la vie est de ne pas chercher si hier était mieux qu’aujourd’hui, mais de basculer dans l’aujourd’hui et d’éviter les artifices qui ne servent qu’à nous cacher de l’intime de la vie. …. Étrange.
Étrange comme du haut de cette colline ce matin les larmes me noient aussi. Je suis entre l’océan et les nuages, une putain de sensation qui ne me crame pas, ui me préserve, qui me maintient.
Et si je venais à mourir ?
Et si tout ceci m’est arrivé pour que je comprenne que la vie ne s’arrête pas qu’à des mots, ni des soupirs que l’on doit ajuster aux maux, mais des instants, des réalités, une vie et non pas un semblant de vie… et être un arpenteur d’infini…
Ne pas faire semblant de vivre mais être, et ne pas jouer sa vie dans des épisodes écrits sur des lignes, des paragraphes, des rêves ? Demander à ses rêves de se dissiper un peu, dans la réalité..
Alors si je venais à mourir ?
Mon toubib m’a dit qu’ils vont s’occuper de moi. Que le segment bi-occulaire situé au niveau de la biffurcation sylvienne gauche qui fait 8,7 mn sur 3,8 mn de diamètre, représentait un danger. L’autre, le segment m1 de l’artère sylvienne gauche ne fait que 3,7 mn de diamètre. A partir de 6, les neurologues je les ai entendu entre elles ce matin, parait qu’on opère.
Il m’a regardé avec un sourire gêné mon toubib chéri, quand je lui ai demandé ce que je foutais ici au lieu d’être transféré directement sur Poitiers ?
Il est quand même intelligent mon magicien de la vie, puisqu’il m’a répondu que ce sont des choses qui arrivent fréquemment, et que beaucoup de personnes portent ceci en eux. Et là en souriant je lui ai dit, effectivement, ils le portent jusqu’au jour ou crac, rupture d’anévrisme etc tout le reste on sait.
L’instant de vie commence à me manquer … Il me tarde de vivre…. Pas envie que tout craque… l’essentiel de la vie reste de se lever chaque matin et de comprendre, qu’au lieu de survivre, on devrait se mettre, à vivre sans se souvenir de ces hiers ni se préoccuper de ces demains, mais se contenter d’être, de se réaliser, de vivre, et de ne pas se poser des questions sur « est ce que je vais m’écrouler dans cet instant » ?
Je suis une humaine à qui on a branché le code sécurité social sur son cerveau (du moins ce qu’il en reste) . Alors je disais, une putain d’humaine qui kiffe cette putain de vie, un monde ou la peur existe certes, mais ou je réalise et je sais que chaque instant peut être « catastrophique pour moi » mais ou mon cœur explose de vie, d’envie, d’un tas de choses qui font des étoiles partout et que j’ai plus envie de perdre mon temps à la perdre cette vie. Je disais en fait, que j’étais une humaine à qui on a branché les codes d’accès de la conduite sécurité sociale .. Alors je me dis, au lieu d’avoir pensé à ces brouillon de ma vie, car nous sommes tous dans un brouillon de vie puisque c’est notre premier et unique essais de toute façon qu’il fallait que je vive en passant les marches, et que mes essentiels restaient de savourer cette pièce qu’est la vie, et non pas juste la regarder assise en y mettant des si…
Le sens de la vie.. tous ces petits mots, ces petits gestes, ces moments que nous vivons, tous intimes à chacun, tous ayant leur place, mais qui nous donne la seule route : vivre et apprécier
Le sens de la vie n’est que ce qu’on veut bien lui donner, ce qu’on veut bien se donner à soit même, et il est tellement complexe, mais finalement, il ne reste qu’un seul mot : vivre ….

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