JEU D'ENFANTS

Par Joël PERAN


Ce texte remporte le concours !


Eté 1947

                Ça y est, le bateau arrive.

Grégory le repère facilement avec sa grande voile bordeaux. Le bateau de passage manœuvre dans le chenal, tirant des bords pour se positionner comme il faut afin d'accoster au débarcadère. En ce début du mois de Juillet, le soleil est bien présent. Le vent s'est calmé aussi, lui qui souffle d’habitude un peu tout le temps sur l'Ile. La mer est calme et le débarquement des quelques passagers, insulaires comme touristes, devrait bien se passer.

Grégory descend de son rocher pour accueillir Yvan, et sa famille. Un an qu'ils ne s'étaient pas vus, et trois semaines de vacances à passer ensemble. Les retrouvailles sont timides au début, comme à chaque fois. Ils n’échangent que des sourires et des regards. C'est la maman d'Yvan qui parle la première embrassant Grégory avec chaleur.

"Alors comment ça va mon grand ?" dit-elle avec un grand sourire.

"Bien madame Dolski. Très bien. Il fait très beau depuis la mi-mai, alors j'en profite !".

"Oui tu as bonne mine et tu es déjà tout bronzé ! Joaquim, n'oublie pas la petite valise noire surtout" ajoute Madame Dolski à l'adresse de son mari. Yvan est derrière, avec un grand sourire aux lèvres. Les Dolski ne viennent pas de très loin mais ils sont tout de même bien chargés. Grégory observe Joaquim, le papa d'Yvan, qui est toujours aussi mince. Pas aussi maigre que quand il était revenu de déportation, mais il n'a pas repris beaucoup de poids depuis. Et puis il a ce regard. Toujours un peu sombre, même lorsqu'il sourit. Il n'est jamais complètement heureux. Il ne l'est plus, du moins.

                Les bagages hissés dans la charrette du père Guénoc, venu les chercher pour les accompagner jusqu’à leur maison, Yvan demande anxieusement à sa mère :

"Maman, tu veux bien que j'aille avec Grégory ?".

"Oui mon chéri. Mais tu rentres un peu avant midi pour le déjeuner.".

« Promis m’man »

Les deux amis partent en courant vers la petite route qui monte vers les plages du nord de l'Ile. Madame Dolski les regarde partir avec tendresse. Yvan et son ami Grégory Le Corre se connaissent depuis toujours mais ils ne se retrouvent qu'aux vacances. Du moins, celles qui permettent de venir sur l'Ile. Bien sûr, pendant la guerre, ils n'avaient pu se voir comme ils l'auraient voulu. Mais là, tout ça, c’était terminé. La vie reprenait. Adèle Dolski grimpe dans la charrette, aidée par son mari et le petit convoi prend la direction de la maison qu'ils ont achetée dans les années 30.

                Yvan et Grégory ne s'arrêtent de courir que lorsqu'ils arrivent sur les sentiers sablonneux de la lande. Ils n'ont pas échangé deux mots depuis qu'Yvan est arrivé. Grégory, comme s'il se souvenait d'une chose importante, apostrophe Yvan.

"Oh oui, au fait, il faut que je te montre quelque chose. On a des crabes partout. Et des maquereaux aussi. On ira voir au quai tout à l'heure, mais là, on va aller voir les crabes, d'accord ?"

Yvan, toujours souriant, acquiesce en suivant son camarade au pas de course. Les deux amis, qui ont le même âge - douze ans – arrivent au bout de la dune. En contrebas, une petite crique au sable blanc bordée de rochers. C’est marée haute, la plage est recouverte par la mer, les rochers sont à fleur d’eau. Ils grimpent habilement sur les roches et se positionnent au-dessus de l’eau. Grégory arrache un bernique et lui ôte le « chapeau chinois » auquel il doit son nom, d'un geste adroit du pouce, ne gardant que la chair du petit mollusque. En visant un endroit découvert dans le sable immergé, il laisse tomber le bernique dans l'eau cristalline. 

"Là, tu vois ? C'est dingue non ?".

Yvan aperçoit alors un ballet curieux : là où il n'y avait que le sable et quelques algues, voici qu'apparaissent maintenant, attirés par le corps étranger, une petite dizaine de crabes. Des verts et des rouges. De toutes tailles. Des tous petits aux plus gros.

"Regarde celui-là ! Il est énorme !" clame Yvan. Proportionnellement à un adolescent pas très grand ni très gros, le pauvre crabe devient une créature gigantesque et effrayante.

"Y en a plein depuis quelques temps. Et puis les maquereaux aussi, j't'ai dit. Au quai, ils sont tellement nombreux et ils ont tellement faim qu'il suffit d'une ligne avec un bernique au bout, même sans hameçon, pour qu'ils mordent. Et avec les bancs qu'il y a, tu peux en ramener plein."

Le spectacle des crabes se disputant la maigre carcasse du mollusque hypnotise Yvan. Il décide également d'apporter son offrande à ces gourmands crustacés, et décolle à son tour une patelle du rocher. Les deux amis restent silencieux. Ils profitent de ces retrouvailles.

"Et les autres ? Comment ils vont ?" s'enquière Yvan.

"Oh ben, Ptit Louis il va bien, mais il est parti avec son père à la pêche tôt ce matin. Glazik et Pinpin, ils doivent être déjà au quai. Tit Pierre et Marie, ça va aussi mais tu sais, ils doivent être au champ ce matin."

"Et ... Naig ?"

Avec un petit sourire en coin, Grégory chambre son ami "Elle va trèèèèès bien ta fiancée ah ah ah"

"Dis, arrête, c'est pas ma fiancée."

"Oui ben t'aimerais bien non ? Là, elle n'est pas sur l'Ile. Elle est partie voir sa tante à Brest. Elle revient demain je crois."

"Ah ...". Yvan est un peu déçu. Il a pensé toute l'année à la silhouette délicate et fine d'Annaig. Ses yeux verts en amande, sa peau parfaitement dorée par le soleil de l'Ile et cette façon bien à elle qu’elle a de remettre en place cette mèche brune qui lui tombe sur les yeux. Ils se sont écrit, bien entendu, mais le courrier, ça n'est pas pareil. Son cœur bat un peu plus fort rien que d'y penser. 

"Allez ? On bouge ? On va au quai rejoindre les autres ?"

     Le quai dont parle Grégory est une longue accumulation de vieux rochers soudés entre eux par les années. L’amas de roches, consolidée par l’homme, forme une longue cale. Elle borde le petit port principal de l'Ile, et vient abriter aussi les bateaux au mouillage, mais permet aussi d’accoster ou de pêcher.

« Le maire a dit que le projet du nouveau quai avait été adapté par le conseil municipal » dit Grégory

« Tu veux dire adopté non ? » reprend Yvan

« Oui .. enfin oui, enfin on va avoir un nouveau quai tout en granit et en béton. Un truc chouette comme tout. Tiens regarde, les gars sont là ! »

Glazik (qui est toujours habillé en bleu, d'où son surnom[1]) et Pinpin (qui a de grandes incisives, d'où son surnom aussi) sont là, une ligne de pêche improvisée au bout d'une branche de bois dans la main, penchés sur l'onde silencieuse et limpide.

"Salut les gars !!!" lance Yvan en arrivant près d'eux !

"Oh Yvan ! T'es arrivé ! C'est chouette !!!" se réjouit Glazik 

"Salut Yvan" lance Pinpin en brandissant sa main pour qu’il lui tape dedans. "T'as vu les maquereaux là ?"

"Et les gars, c'est pas des maquereaux ça, c'est des chinchards tout au plus" plaisante Yvan.

Grégory commence à rire lui aussi devant la mine offusquée de Glazik. Les quatre camarades partent dans des éclats de rire, heureux de retrouver leur ami.

Les grandes vacances promettent d'être heureuses. Pendant de longues minutes, les amis parlent de tout ce qu'il s'est passé dans l'année depuis le dernier été. Les déboires à l'école pour certains, les bonnes notes aussi pour d'autres, les chamailleries, les films qu'Yvan a pu voir au cinéma puisqu'il est le seul "du continent". Ils ne parlent presque jamais de cette longue guerre qu'ils viennent à peine de quitter. Des boches qui avaient pris leurs quartiers sur l'Ile, bâtissant des blockhaus qui dénaturaient sa beauté.

"On va se baigner les gars ?" demande Pinpin.

Les quatre copains se dirigent vers leur petite plage préférée, celle qu'ils connaissent si bien. A marée haute en plus, il y a plein de rochers du haut desquels ils peuvent plonger. Ils se déshabillent rapidement, et c'est en slip qu'ils entrent dans l'eau fraiche. C'est un peu plus dur pour Yvan qui n'y est pas encore habitué, mais son amour-propre le pousse à se mouiller rapidement pour ne pas être en reste. Ce bain fait du bien.

                Allongés sur le sable blanc et fin, les quatre garçons regardent le ciel en commentant les formes des nuages. Il est bientôt l'heure pour Yvan de rentrer à la maison. Ils prennent leurs affaires et repartent vers le bourg ; ils vont sécher en route et s’habilleront sur le trajet.

                Yvan franchit le seuil de la porte de la maison ; il est affamé et la vue du pain frais, des produits de la ferme d’à côté étalés sur la grande table de la salle à manger lui tiraille l’estomac. Il reconnait aussi cette odeur entre mille : les crêpes de Nine, leur vieille voisine qui vient de les apporter. Il va lui faire une énorme bise sur la joue en l’entourant de ses bras. Il adore Nine, même si quand on ne la connait pas, elle peut faire peur. Avec sa grande robe noire, son tablier blanc qui ne l’est plus vraiment, ses grosses lunettes à monture épaisse et son chignon strict elle intimide au premier abord. Mais quand elle sourit et qu’elle parle de sa voix douce, avec cet accent unique de l’Ile, un peu trainant bien prononcé, elle peut changer les cœurs.

« Merci Nine pour les crêpes ! Tu es la meilleure crêpière du monde !!! » s’exclame Yvan.

« Oh mon coco, tu es trop mignon. Bon allez, je vous laisse, j’ai ma soupe qui n’attend pas. Yvan, passe me voir plus tard pour que j’cause avec toi un peu » dit Nine avec un grand sourire malicieux.

Yvan se confie souvent à Nine, notamment quand son cœur déborde des sentiments qu’il éprouve pour Annaig.

Les tartines de pain sur lesquelles Madame Dolski a mis du beurre salé et du jambon frais sont succulentes. Yvan s’en lèche même les doigts. Les tomates de la ferme sont parfaites, juteuses et avec un gout qu’il n’a jamais retrouvé nulle part. Il y a même du jus de pomme bien frais et de grandes feuilles de salade assaisonnée comme il faut.

« Alors comment vont tes amis ? » demande madame Dolski.

« Bien ! J’ai vu Glazik et Pinpin aussi. On est même allés se baigner. C’est pour ça que j’ai faim aussi ! » dit Yvan sans même prendre le temps de vider sa bouche.

« Et cet après-midi alors ? Vous allez faire quoi ? » s’enquit son père

« Je ne sais pas. Je pense qu’on retournera à la plage. Peut-être que les autres viendront aussi. Ils étaient pris avec leurs parents ce matin … »

« Bien. Ne mange pas trop de crêpes alors Yvan » avertit sa maman.

Mais comment voulez-vous être raisonnable quand vous avez devant vous les plus belles crêpes du monde, légèrement chaudes encore, à peine saupoudrées de sucre. Parfois quand il va chez Nine, elle lui en fait revenir une ou deux dans une poêle avec du beurre et du sucre. Elles sont craquantes et caramélisées. Un pur délice.

                Yvan va reprendre une autre crêpe quand Grégory frappe à la porte de la maison.

« Entre Grégory, viens prendre une crêpe si tu veux » lance madame Dolski.

« Merci madame Dolski, mais je ne peux plus rien avaler. » affirme Grégory.

« Bon, je peux y aller Maman ? »

« Mais oui. Soyez prudents les enfants hein ? » dit Adèle Dolski.

Joaquim les regarde partir et les suit longuement des yeux. Ses yeux semblent toujours aussi tristes mais son sourire apparait.

« Et si nous nous trouvions une petite plage rien qu’à nous aussi ma chérie ? qu’en penses-tu ? » demande-t-il à son épouse, en venant l’enlacer et lui embrasser le front. 

                Les deux amis retrouvent la petite troupe. Cette fois, ils ont été rejoints par Ptit Louis (qui est petit pour son âge d’où son nom), Tit Pierre (qui n’est pas petit pourtant et qui s’appelle Erwan, c’est juste parce que son père tient un des rares cafés de l’Ile - le Ty Pierre) et sa sœur jumelle Marie.

« Alors Yvan, comment ça va ? T’es là pour combien de temps ? » demande Marie ? Marie a toujours été amoureuse secrètement d’Yvan. Ses yeux sombres, sa silhouette élancée et gracieuse, ce sourire magnifique qu’il a et qu’elle trouve de plus en plus beau chaque année. Mais Marie sait aussi qu’Yvan en pince pour Naig. Sa meilleure amie.

« Trois semaines normalement, peut-être plus si Maman peut rester un peu …» dit-il en embrassant Marie sur la joue. Il aime beaucoup Marie bien sûr.  Mais tout comme il aime beaucoup Grégory. Ou Glazik.

« Qu’est ce qu’on fait ? » s’enquit Grégory ? « Si on allait côté nord-ouest de l’Ile cet après-midi ? »

« Oh ouais, bonne idée » renchérit Yvan.

« Faut pas aller trop près du Fort ni du Bokos, Papa a dit que c’était dangereux » dit Ptit Louis 

« Blockhaus Ptit Louis ! » reprend Grégory … « T’inquiètes, on n’ira pas » …

La petite troupe d’amis se met en route. Ils chantent gaiement des comptines pour marcher en traversant le bourg, puis en prenant le chemin qui mène vers le Nord-Ouest de l’Ile, là où la terre disparait pour ne laisser place qu’à la mer, immense. Maitresse de l’horizon.

Ils descendent sur une petite plage par un sentier noyé entre les dunes. Une légère brise fait onduler la mer. Elle a baissé nettement depuis la matinée, mais il y a toujours assez de fond pour nager. Les enfants se lancent dans l’eau après s’être déshabillés. Glazik se moque du maillot de Tit Pierre, une parfaite imitation de celui que porte Johnny Weissmuller dans les Tarzan. Tout le monde part dans de grands éclats de rire et s’éclabousse à tout va, en faisant attention à Marie tout de même. Les garçons plongent rapidement un par un et nagent librement. On n’entend que le doux bruit de la mer et les rires des enfants.

                Grégory et Yvan nagent côte à côte. Yvan fait la planche, menton relevé. Il regarde vers les ruines du Fort, ce vieux monument délabré qu’il a toujours connu. Un ancien corps de garde des années 1850 et quelque. Il a toujours été fasciné par le Fort. Parfois dans ses rêves, il imagine des chevaliers s’y battant à coup d’épées.

                Grégory suit le regard d’Yvan et lui dit ...

« Tu sais, les Boches avaient pris leurs quartiers là aussi. Normal, avec la vue sur le chenal. Et ils ont même aménagé un blockhaus enfouis dans la dune un peu plus loin »

« Ah ouais ? On pourrait aller voir tu crois ? J’adore le Fort … »

« Ben avec Louis c’est pas gagné … Remarque, on n’a qu’à pas leur dire et aller jeter un œil ? »

« Ouais, on fait ça. ».

Au bout de quelques minutes, Yvan prévient les autres qu’il regagne la plage. Suivi de Grégory, il sort de l’eau et retourne se sécher près de leurs vêtements. Les autres sont restés dans l’eau. Les deux amis mettent leurs chaussures, tout en restant en maillot. Ils remontent sur la dune et se dirigent vers la pointe où se dressent les ruines du Fort.

Entre les hautes fougères, les hautes herbes et les ronces menaçantes, un petit sentier se dessine à peine, contournant les pierres du Fort. C’est une ruine sommaire, qui n’a de Fort que le nom. Une bâtisse carrée, quelques créneaux qui subsistent, vestiges des siècles passés. Des volets marrons obstruent les fenêtres et la porte est condamnée par des planches en bois. Il y a même encore un panneau Verboten rouge et blanc devant la propriété. Yvan frissonne à la vue de ce mot qui a longtemps résonné dans ses oreilles. Les deux enfants marchent d’un pas prudent. La vue sur la petite crique est merveilleuse de là-haut. On surplombe la plage. Leurs amis en bas jouent à se faire couler sous l’œil amusé de Marie. Ils ne se sont pas aperçus que les garçons étaient partis.

« Il est juste là. » déclare Grégory.

« Où ? » demande Yvan.

« Là, regarde. On le voit à peine mais l’entrée du blockhaus est là ».

Yvan s’avance en évitant les ronces et les orties. Dans l’herbe montante, à moitié sous une couche de ficoïdes aux fleurs jaunes et roses, on devine le ciment du Blockhaus. L’entrée doit se trouver là, forcément, comme dit Grégory. En contrebas, il voit l’ouverture du funeste bâtiment. Une bouche noire et inquiétante. Yvan se tourne vers son ami, un peu anxieux et entre dans le blockhaus. Au fond de la pièce, une longue ouverture horizontale offre une vue mémorable sur le chenal. Mais la lumière ne pénètre pas assez pour éclairer correctement le bunker.

« Fos papiers bitte » se met à crier Grégory, ce qui a pour effet de bien faire sursauter Yvan.

« T’es bête aussi toi … pff ». Yvan recule pour sortir du bâtiment militaire. Grégory est un peu plus haut, il le surplombe et regarde son ami tout en se tenant les côtes, hilare et tout content de sa blague.

« T’es tout blanc dis donc, ce que tu peux être trouillard » se moque t’il …

« Tu vas voir toi, si je suis trouillard » commence Yvan en s’élançant vers Grégory qui se met à fuir en continuant de rire.

Alors qu’il poursuit Grégory, Yvan ne remarque pas un vieux panneau à moitié enseveli sous les herbes folles :

Achtung Minen

 

Eté 2017 –

                Le ciel est limpide. D’une couleur bleue intense que l’on ne voit nulle part ailleurs. La cloche de l’église sonne onze heures. Au loin, on entend un tracteur qui apporte son chargement de légumes à la barge. Quelques éclats de voix aussi. Des touristes qui déjà s’extasient de la vue panoramique sur le port, récompense offerte après la dure montée de l’église. Des vélos passent en faisant tinter leur sonnette une fois pour que justement, les touristes ébahis se poussent. Des enfants jouent, partant dans de grands éclats de rire, courant le long de la route qui longe le cimetière. Une vieille dame en pousse la grille et pénètre dans les allées sablonneuses. Ses longs cheveux blancs sont retenus dans un chignon élaboré. Elle porte une jolie robe à fleurs, pleine de couleurs vives et des espadrilles blanches immaculées. Ses grands yeux verts se posent sur les tombes, par habitude. Elle sait où elle doit aller. Elle marche doucement, calmement, respectueusement.  Elle s’arrête enfin après avoir choisi une allée. Elle s’arrête devant une tombe très sobre. Un peu plus loin, il y en a une autre sur laquelle elle va aller se recueillir. Ses yeux s’embuent légèrement. Après tant d’années.

                « Bonjour Yvan … » murmure t’elle doucement …

Annaig ne l’a jamais oublié …



[1] Glaz en breton signifie bleu ou vert …

2 commentaires:

  1. Très beau texte, bien écrit avec une belle photographie de l'après guerre. Les personnages sont bien introduits et la chute est émouvante. Bravo !

    RépondreSupprimer
  2. En totale immersion dans ce joli texte, la fin m'a pincé le coeur..

    RépondreSupprimer

Aidez nos contributeurs à progresser en laissant un commentaire :)

AVERTISSEMENT !

Le contenu de ce blog est protégé par les droits d'auteur. Toute diffusion ou commercialisation du contenu de ce blog est strictement interdite.