Juillet 2013
Je ne sais pas trop comment j'ai fait pour me retrouver piégé dans cette relation. Sabrina n'était pas vraiment équilibrée, mais elle baisait bien, et, à l'époque, je ne recherchais rien de plus. On s'était rencontré un soir, lors d'un voyage organisé, elle semblait s'ennuyer seule au bar. Je lui ai offert un verre, on a discuté, et puis on a finit par se retrouver dans ma chambre. Et ça avait était plus que bon.
Elle habitait à 200km, mais j'allais la voir aussi souvent que possible, elle bossait la journée, ce qui m'obligeait à passer du temps avec mes « beaux-parents ». Ils m'appréciaient, probablement parce que personne ne semblait vouloir de leur fille, ou du moins pas quelqu'un d'aussi stable que moi.
Pour eux, je devais être le seul à vouloir de Sabrina et de sa fille, Anna 5 ans.
De mon côté, je passais mon temps à me demander comment j'allais me sortir de là, je ne la supportais plus, en vacances tout s'était bien passé, mais son côté instable avait très vite repris le dessus dans la vie de tous les jours. Des fois, tout allait bien, puis, pour un micro-événement, elle se mettait à faire n'importe quoi. Une fois, au restaurant, j'ai souris en remerciant la serveuse. Sabrina m'a jeté un regard noir et est entrée dans un mutisme insensé. Au début, je n'ai pas voulu y donner trop d'importance et j'ai essayé de lui parler de son boulot, je me suis dit qu'en changeant de sujet, elle oublierai ce léger sourire que j'ai eu le malheur de faire... mais Sabrina avait de la suite dans les idées.
– Tu crois que je t'ai pas vu ?
– Quoi ?
– Tu te fous vraiment de ma gueule !
– Je t'assures, je ne comprends pas, explique moi bébé !
Et puis elle s'est enfermée dans son silence, elle n'a pas dit un mot de tout le reste de la soirée, sans même dire au revoir au personnel du restaurant en sortant. On est rentrés, on s'est couchés, dans le même silence pesant.
Réveil en sursaut quelques heures plus tard, Sabrina assise sur moi à califourchon.
– Prouve moi que tu m'aimes !
Et on a fait l'amour. Et, l'espace de ce moment, j'ai abandonné tout projet de rupture... jusqu'à ce qu'elle se couche dans mes bras, en me disant qu'elle m'aimait plus que tout.
En journée, Sabrina m'appelait toujours deux ou trois fois de son travail, pour me demander si je ne m'ennuyais pas trop, si ça se passait bien avec ses parents... et me reprochait de ne jamais l'appeler.
– Je ne veux pas te déranger au boulot bébé, et puis tes parents me font visiter plein de trucs...
– Ok... on se voit se soir alors...
– Oui, bisous, bon courage.
– Bisous
J'essayais d'aller voir Sabrina régulièrement, je savais pertinemment que je ne l'aimais pas, mais ce que j'ignorais, c'était comment le lui dire. A part au lit, avec elle, je m'ennuyais ferme. Le plus dur, c'est que je ne devais pas seulement la plaquer elle. Ça, je savais le faire. Non le plus dur, c'est que je devais aussi rompre, en quelque sorte, avec ses parents et sa fille. Ça faisait beaucoup de personnes à décevoir en même temps.
Pour ses parents, j'arrivais à canaliser la colère et la paranoïa maladive de Sabrina. Et pour sa fille, j'en sais trop rien... je devait probablement lui donner un certain équilibre, certes fragile, entre mon calme et la folie de sa mère. Quitter Sabrina aurait rompu cet équilibre. Ses parents auraient perdu l'espoir de voir leur fille soutenue et supportée. Sans parler de la réaction de Sabrina...
Et moi dans tout ça ? J'étais pris au piège. Le soir, je buvais en cachette, juste assez pour me mettre un peu de couleurs devant les yeux en attendant que je puisse rentrer chez moi, reprendre ma vie à moi, sans cette folie. Je me rendais bien compte à quel point la rage montait en moi. En silence, la colère me gagnait pour m'envahir complètement, mais de ma bouche, ne sortaient que des mots gentils et réconfortants.
Une nuit, n'y tenant plus, je me suis levé en silence pour aller récupérer un bidon d'essence que j'avais rempli l'après-midi même. J'ai trouvé un pinceau et j'ai commencé à étaler silencieusement l'essence tout autour du lit de Sabrina, j'en ai mis aussi sur les murs, sur l'armoire, puis dans les autres pièces, et en dernier, la chambre d'Anna. L'odeur me donnait le tournis, je devais me tenir aux murs pour avancer, mais je ne voulais pas manquer ma chance. J'ai craqué une allumette et je l'ai jetée dans le salon. Et là, tout s'est enflammé en un instant. Je suis resté là quelques secondes à regarder, et puis j'ai sortit mon trousseau de clés, énorme, avec des centaines de clés sans pouvoir trouver la bonne.
Le feu gagnait, jusqu'à m'envelopper complètement, j'étais le feu, qui brûlait chaque meuble, chaque bibelot, et ces deux corps innocents, j'étais envahit par un sentiment de plénitude. Et puis je me suis réveillé, trempé de sueur.
– Tu as fait un mauvais rêve chéri ?
– Oui, rien de grave ne t'en fait pas.
– Racontes moi.
– Non, j'ai besoin d'une douche...
Avant notre rencontre, l'ex de Sabrina, Thomas, avait l'habitude de passer la soirée et dormir sur place lorsqu'il venait chercher ou ramener sa fille. Je m'en foutais, je trouvais même que c'était bien pour la petite de passer un soir avec ses deux parents, et puis il habitait loin. Ainsi, on a mangé tous les quatre... Puis l'heure venue, Thomas nous a salués et est allé dormir dans la chambre d'amis. Au fond, je l'enviais. Il avait réussi à se casser, il avait en tout cas l'air serein. Pour retrouver ma sérénité, je savais que je devais en faire autant. Me tirer des griffes de cette baiseuse hors du commun.
On s'est couchés, Sabrina et moi. J'ai commencé à l'embrasser et la caresser, elle me faisait terriblement envie.
– Non s'il te plaît, pas avec Thomas à côté !
– Tu plaisantes ?
– Non...
Sans prévenir ma rage est montée:
– Ok, ben vas baiser avec lui si tu veux !
Je me suis levé en lui disant que j'allais dormir sur le canapé, je l'ai entendue sangloter en sortant de la chambre. J'ai terminé la bouteille de vin entamée lors du repas, me suis allongé et me suis endormi le sourire aux lèvres, en pensant que demain, je partirait pour de bon.
Thomas m'a réveillé au milieu de la nuit.
– Sabrina ne va pas bien du tout ! Elle s'est claquée la tête contre le mur, elle saigne. Il faut que tu ailles la voir ! Putain mais pourquoi tu t'es barrée ! Pourquoi t'es pas à ma place connard, que je me suis dit. Elle a arrêté de pleurer quand je suis entré dans la chambre, elle avait les yeux tout gonflés et un peu de sang sur le front. En silence, je me suis allongé à côté d'elle, elle a posé sa tête sur mon épaule.
– Je t'aime
– Moi aussi..., j'ai répondu.
Puis tendrement, elle m'a demandé si, comme promis, j'emmènerai Anna au zoo le lendemain.
Je lui ai promis, je suis sûr qu'elle a sourit.
C'est un texte intéressant. On se demande comment cela va finir et on s'attend un peu à la scène de la maison en feu. Je trouve bien que ce ne soit qu'un rêve finalement, on sent bien la frustration du personnage principal qui n'a pas assez de courage pour affronter la rupture.
RépondreSupprimerPar contre je trouve les transitions et surtout celle entre la sortie du rêve et l'apparition du personnage de Thomas maladroites. De plus, à mon avis, le côté instable de Sabrina n'est pas assez appuyé au début du texte.
Très intéressant ce texte. D'habitude, on a du mal à dire "je t'aime". Ici, le personnage principal a du mal à dire "je ne t'aime pas". On sent la culpabilité de Thomas mais j'aurais aimé un peu plus de tension psychologique chez les personnages. L'orthographe est correcte sauf une faute d'inattention à la fin du premier paragraphe. En revanche, le trash n'est pas vraiment au rendez-vous...
RépondreSupprimerUn bon texte avec un personnage principal tout en nuance mais dont la fin me laisse un goût d'inachevé. On aimerait savoir s'il va partir en fin de compte !
RépondreSupprimer