Les voyages en train par Clio

Je déteste les gares, elles sont sales, bruyantes et pleines de monde.Pourtant, chaque fin de semaine, je rejoins ce lieu honni. La gare est l'antichambre d'un voyage des plus agréables. En effet, le train est un moyen de transport silencieux et reposant (en règle générale). Une fois que je suis montée dans le train, je peux sortir mes cahiers, mes stylos et commencer à écrire.

Je décris les mondes magiques qui naissent dans ma tête, je les remplis d'elfes et d'enchanteurs. Parfois je tente d'esquisser mes personnages ou mes paysages sur des pages vierges mais mon coup de crayon est pitoyable. Souvent je me dis que si j'ai autant d'imagination c'est pour compenser ma maladresse physique. Bref quand je dessine c'est la catastrophe.

Quand je suis montée dans ce train ce, je n'avais aucune idée de ce qui se passerait. Comme d'habitude, j'ai sorti mes cahiers puis je me suis aperçue que mon voisin regardait par dessus mon épaule. Quand j'ai voulu gribouiller le héros de mon histoire à grand renfort de soupirs et de ratures, il a ricané. Je me suis tournée vers lui, probablement avec une mine offensée.

Il m'a adressé un sourire rayonnant d'innocence.

« Je peux lire ? » m'a-t-il demandé en m 'arrachant le cahier des mains.

« Bah, quitte à se moquer, autant que ce soit pour quelque chose... »

« Où est le début de cette histoire ? »

J'ai feuilleté rapidement pour lui indiquer la page.

Pendant qu'il lisait je le regardais ; il semblait vivre l'histoire. C'était un garçon de mon âge, la vingtaine, fin, très fin comme un bonhomme en fil de fer. Comme c'est la dernière de mon cahier, les pages qui suivaient étaient vierges. Il m'a pris un stylo et a commencé à dessiner. Avec un bic noir, il a tracé les personnages, tels qu'ils vivent dans ma tête. Puis il a créé des paysages, des cités et j'ai vu les lieux que j'ai construits avec mes mots. Je le regardais, fascinée, dessiner ce que j'avais toujours imaginé.Quand il s'est arrêté, je me suis sentie vidée.

« Comment as-tu fais ça ? »

« De ? »

« Tout ça !? Ce que tu as dessiné, comment tu as fais ? »

« C'est ce que ton histoire m'a évoqué, pourquoi ? »

« Pourquoi !? Tu viens de dessiner, au bic, mieux que je ne l'aurais rêvé, tout ce que j'ai imaginé dans cette histoire. »

« C'était facile, le texte est vraiment clair et très beau »

Je me suis sentie rougir sous le compliment. J'ai secoué la tête et perdu l'usage de la parole. Je voulais lui demander de tout lire pour obtenir tous mes personnages, tous mes lieux en couleurs.

Je pourrais peut-être imaginer enfin les suites de mes histoires. Je m'imaginais enfin libérée de mes histoires inachevées.

Quand il m'a dit que c'était son arrêt, je n'ai pas pu retenir un cri de désespoir. Il m'a regardé, avec le même sourire innocent qu'au début de notre conversation.

« Tiens voici mon blog, envoie un peu ce que tu fais, je te le dessinerai. »

Voilà comment un vendredi après-midi, le train a changé ma vie.



3 commentaires:

  1. Un texte simple et efficace qui colle parfaitement au thème. On apprécie le romantisme de la rencontre. Le sentiment de fusion dans la rencontre aurait mérité d'être plus suggéré mais l'ensemble colle bien avec l'âge des personnages (l'autre est moi car il partage mon imaginaire).

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  2. Très bon texte, j'ai beaucoup aimé :)

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  3. La nouvelle répond au thème mais pour moi, elle manque un peu de piment.

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