Texte 6

Par Michèle Abramoff

Jean-Pierre Pernaut, son transit encore perturbé par le cassoulet de la veille, non sans un drôle de bruit, un étrange borborygme dont il ne savait pas s'il venait de son micro ou de son estomac, s'assit à sa table pour le journal de treize heures, la messe rituelle suivie jusqu'à Trifouilly-les-Oies dont il était le présentateur depuis des temps immémoriaux. C'était Gustave Machin, le directeur de l'époque (cette ordure en rut qui pourchassait ses secrétaires – lesquelles, il faut bien le dire, ne sortaient pas du couvent), qui l'avait fourré là (belle entourloupe !), où il était resté captif comme un rouge-gorge dans sa cage refrénant une envie de hurler : Pitié, libérez-moi ! Sa maman l'avait pourtant prévenu : la télévision est une carrière pleine d'aléas et c'est aussi une drogue et un sortilège ! Il n'avait plus qu'à espérer qu'une fée compatissante viendrait l'en délivrer. Mais Jean-Pierre Pernaut le souhaitait-il vraiment ? Comme l'a écrit le philosophe Alain : "Espérer, ce n'est pas vouloir."

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