Par Philippe Avril
Alain dégustait un cassoulet aux lingots et à l’oie en regardant Jean-Pierre Pernaut à la télévision. C’est dire que c'était une super journée : son plat et son présentateur préférés réunis. Repu, le repas terminé, il s’essuya la bouche, par décence, il éteignit le poste, sortit sur la terrasse guidé par une voix intérieure :
- Libérez nos camarades, scandaient pets vesces et vents
Alors, comme dans la chanson de Bibie, il commença « Tout doucement ».
« Sic transit gloria » le transit dans toute sa gloire commençait. Orgueil et préjugés, non ! Plutôt bruit et odeur !
Transi de froid, sa femme allongée sur le transat dans le jardin, fulminait :
- Tu choisis, c’est le cassoulet ou moi et ma fortune. Je te laisse trois jours pour réfléchir.
Il lâcha juste une caisse, ça lui permit de réfléchir, rentra dans la cuisine suivi de sa femme vociférante.
Il n’avait pas besoin de réfléchir. Il attrapa le faitout en fonte et l’assomma .
A l’aide d’une brouette, sans vérifier si elle était morte, il l’enterra dans le fond du jardin entre une rangée de fayots et le tas d’ordures puis il alla déguster une part de riz au lait pour terminer son repas.
Comme voisins, amis, famille, s’inquiétaient de ne plus la voir, il leur dit qu’elle l’avait quitté mais qu’elle devait ne pas être bien loin.
Après ces aléas, les mois s’égrenaient à Trifouilly-les-oies. Lui et Jean-Pierre vieillissaient.
Sur le rebord de la fenêtre, un rouge-gorge picorait quelques miettes. Alain l’attrapa et lui donna un antitussif pour son mal de gorge. Le médicament avalé, l’oiseau se métamorphosa en une ravissante femme.
- Je m’appelle Suzie, je suis une fée. Grace à toi, mon mal de gorge a disparu. Je peux t’exaucer trois vœux.
Alain qui depuis son enfance, n’avait cessé de croire au monde magique répliqua aussitôt :
-J’aimerais que Jean-Pierre Pernault vienne prendre un ricard avec moi.
-T’es sûr, demanda la fée !
- Ben oui, c’est Jean-Pierre tout de même ! s’étonna Alain.
Suzie gesticula, prononça quelques formules inintelligibles tout en invoquant sa tante.
Alain sentit une présence à ses côtés. C’était Jean-Pierre qui tendait une coupelle d’olives. Ils trinquèrent.
- Il est encore plus beau qu’à la télé, s’émerveilla Alain.
- Ca c’est la France, fit Jean-Pierre en dégustant son ricard.
- Bon , c’est pas tout ça les amoureux ! Alain dis-moi ton deuxième vœu ? s’impatienta la fée.
- Depuis que ma femme est morte, j’ai pas baisé bezef, et le couvent c’est pas mon truc. Alors, si tu pouvais me la ressusciter juste pour dix minutes. Je l’arrangerai. Je la mettrai au trou et ensuite tu pourrais la remettre dans le trou.
Et la fée reprit ses gesticulations…
-Tu m’excuseras Jean-Pierre, fit Alain, il faut que je m’occupe de ma femme.
Cette dernière, après avoir ouvert le sol, traversé le jardin, entra dans la maison.
Ce fut un choc pour Alain.
Déjà qu’elle n’était pas très belle mais après 8 mois de décomposition (française) : un œil pendouillait, des vers grouillaient dans ses bras et je ne vous parle pas du reste.
- C’est quoi cette entourloupe ? gueula Alain.
- T’as pas précisé, se justifia la fée, tu voulais peut-être Marilyn Monroe à 20 ans ! Dis-moi ton dernier vœu qu’on en finisse…
- La plus jolie des nanas…
Suzie gesticula et…
« Quelle femme ». Il l’agrippa et …
- Qu’est-ce qui te prend, on a déjà fait l’amour le mois dernier…
Il était dans son lit avec sa femme ;
- Qu’est-ce que tu couves, t’es en rut ?
- Non, je rêvais de toi Maman
- Allez, rendors-toi Jean-Pierre et dorénavant tu boiras moins de Pernod…
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