Desperate






Je m'appelle Mary Alice Young, et il y a 10 ans jour pour jour, je me suis tiré une balle dans la tête. J'ai laissé derrière moi un mari, un fils, des amis et voisins, et un terrible secret qui devenait trop lourd à porter.
Lorsque l'on quitte le monde des vivants, il arrive parfois que l'on erre sur terre à observer ceux qui nous ont entouré. Ce fût mon cas dans Wisteria Lane. J'y ai vécu de très belles années avec ma famille, nous vivions une vie parfaite dans une jolie maison en banlieue, nous organisions des barbecues avec nos voisins, nous allions à la messe le dimanche,et un milliers d'autres petits détails nous donnaient l'impression de faire partie d'une communauté.
Aujourd'hui je suis légère et bien au dessus de cette petite vie qu'il me plaît à contempler d'en haut.
En 10 ans, de nombreuses familles se sont installées à Wisteria Lane : les Bollen, les Applewhite, certaines sont revenues y vivre comme Catherine Mayfair, et d'autres ont fini par me rejoindre en haut. Il m'arrive de regarder paisiblement la rue où j'ai vécu avec Karren Maclowski, Rex Van de Kamp ou bien encore Karl Maïer. Ensemble nous nous remémorons les souvenirs joyeux de mariages heureux, d'anecdotes croustillantes, de rires d'enfants car il faut savoir une chose sur la vie dans l'au delà : l’obscurité du passé disparaît pour ne laisser place qu’à la lumière.
Il y a toutefois une règle que l'on se doit de respecter, ce qui concerne les vivants doit rester avec les vivants. Pourtant, l'envie ne nous manque pas de leur venir en aide parfois.
Prenez mon fils par exemple, Zachary, c'était un enfant heureux et un bon élève, mais lorsque j'ai décidé de me suicider, sa vie est devenue tourmentée. Et croyez moi, l'argent ne comble pas le vide laissé par la perte de sa mère. Après avoir hérité plusieurs millions de dollars, Zachary s'est mis à accumuler les dettes, les addictions, les mauvaises fréquentations, et de rapport compliqués avec mon mari.
Mon mari Paul justement, le moins que l'on puisse dire est que son parcours a été semé d’embûches après mon départ. Il y a 5 ans après des années de mensonges, Paul a finalement avoué le meurtre de notre ancienne voisine, Martha Hoober, qui me faisait chanter et m'a finalement conduite au suicide. Je l'observe souvent en prison, et bien que ce ne soit pas l'endroit le plus charmant sur terre, je remarque que Paul a trouvé une certaine sérénité en détention. La vérité l’a libéré et il attend désormais sa libération prochaine pour entamer une nouvelle vie.
Là où je suis, tout est transparent et la perspective est bien différente de ma vie sur Terre.

Même si mes plus chères amies ont toutes quitté Wisteria Lane, je les observe régulièrement.

Gabrielle Solis, ancienne mannequin à succès, elle est passée des strass des podiums à une vie non moins tranquille en banlieue. Elle qui n’a longtemps compté que sur la carte bancaire de son mari pour s’épanouir, a finalement fondé une famille, surmonté la pauvreté et le handicap, et affronté les démons de son enfance. 
Gabrielle et Carlos se sont installés en Californie où le succès était au rendez-vous. Après avoir créé son propre site de conseil personnalisé pour le shopping, c'est à la télévision que Gabrielle brille désormais, devenant l'animatrice relooking préférée des américains et la maman comblée de 2 adorables jeunes filles.


Bree VandeKamp, ou devrais je dire Weston aujourd’hui en passant par Hodge, de parfaite ménagère, elle a été veuve, divorcée, séparée, détestée par ses enfants, chef de sa propre entreprise de traiteur, et accusée de meurtre avant de connaître enfin le bonheur.
Une fois installée à Louisville, sous les conseils de son mari, Bree a rejoint un groupe de femmes conservatrices qui l’ont encouragé à s’investir dans la politique locale. Son ascension s’est poursuivie jusqu’à présenter sa candidature au poste de Gouverneur.

Lynette, ambitieuse est sans doute le le mot qui la dépeint le mieux. En véritable guerrière, elle a fondé une famille composée de non moins de 5 enfants et bâti une carrière  ! Elle et Tom ont déménagé à Manhattan où Lynette a pris la direction de la société d'agro-alimentaire de notre ancienne voisine Catherine Mayfair, et les affaires marchent si fort que Lynette a dû nominer Tom n°2 directeur général pour la seconder.
Entre comités de direction et voyages d’affaires à travers tout le pays, les Scavo profitent peu de leur penthouse sur Central Park et ne parviennent à réunir toute la famille qu’à Thanksgiving, et lors du barbecue du 4 Juillet dans leur maison des Hamptons.

Susan Delfino fut elle la première à quitter Fairview pour aider sa fille July à élever sa petite fille. Ce rôle de grand-mère  a aidé Susan à combler le vide laissé par l’amour de sa vie Mike en lui donnant un nouveau départ.
Aujourd’hui la petite Sophie Lynette a 10 ans, et July n’a plus besoin de l’aide de sa mère autant qu’avant, et il en va de même pour son fils MJ qui devenu un adolescent aspire à plus d’indépendance.
La solitude est un sentiment que connaît Susan car en dehors de Thanksgiving chez les Scavo, et de visites en prison pour voir Paul, le moins qu’on puisse dire est que la vie sociale de Susan est réduite à une peau de chagrin. 
Le temps où il suffisait de traverser la rue pour jouer au poker et partager quelques commérages avec ses amies est loin, Susan le sait, et c’est le manque qui accompagne la nostalgie.

Ce que Susan ne sait pas, c’est qu’elle reverrait ses chères amies bientôt, mais en de tragiques circonstances ….


3 JOURS PLUS TOT

Le temps est une ligne droite qui file à l’infini et pourtant on a souvent l’impression qu’il s’accélère par moments. Rares sont ceux qui peuvent apprécier le calme et un temps ralenti.
Il arrive pourtant parfois que sans le vouloir un évènement vous mette en vitesse réduite par surprise.

Face à sa tablette, Susan fixe l’écran anxieuse d’avoir une triste nouvelle à annoncer à ses amies simultanément. Quand la connection est établie, Susan prend sa respiration et se lance :
  • Bonjour les filles, vous devez vous demander pourquoi je vous contacte toutes les 3 en même temps. Il est arrivé quelque chose ….

Une heure avant …


  • Madame SCAVO, votre rendez-vous est arrivé et vous attend en salle de réunion.
  • Merci Paula, offrez leur des boissons et des viennoiseries, j’arrive.
  • Oui Madame !
Assis en face d’elle, Tom admire la vue sur les gratte-ciels. 
  • Vas y chérie tu vas tout déchirer !
  • Tom, tu n’es pas un peu vieux pour parler comme ça ?!
  • Tu sais bien que j’admire tes compétences de winneuse ..
  • Et c’est la seule chose que tu admires chez moi ? dit elle en avalant sa dernière gorgée de café.
  • Madame la Président, me mettez vous au défi ? 
Tom regarde sa femme amoureusement, plein de désir.
  • Tom, ça ne se fait pas d’arriver en retard à une réunion avec des clients potentiels.
  • Tu signeras le contrat même avec les cheveux en ébouriffés !
  • Oh Tom sois sérieux !
Le portable de Lynette se met à sonner, Lynette consulte rapidement l’écran puis reste immobile.
  • Un problème chérie ?
  • Je ne sais pas, Susan me demande de participer à une conf call avec Bree et Gaby, il a dû arriver quelque chose.
  • Lynette je peux m’occuper des clients si tu veux passer ton appel.
  • Oui merci chéri, dis leur que j’ai dû partir en urgence.
En quelques minutes, l’emploi du temps chronométré à la minute de Lynette disparaît et le temps ne compte plus. En acceptant la visio conférence, Lynette est invitée à patienter. La sonnerie qui retentit est de plus en plus angoissante …


Dans un grand magasin de Louisville :

  • Essayez celle ci Madame Weston.
  • Très chère, si j’avais envie de ressembler à une vieille femme en deuil, alors oui je l’essaierai sans hésitation.
  • Je vais trouver autre chose Madame, dit la conseillère en image en partant gênée.
Bree saisit son téléphone portable :
  • Andrew, c’est une catastrophe, la conseillère en image est dépassée !
  • Que s’est-il passé Maman ?
  • C’est simple, avec elle, tout ce que je peux espérer gagner, c’est un concours de femmes mormonnes !
  • C’est la meilleure de Louisville.
  • Je sais mon chéri.
  • Les plus connues sont soit à New York, soit à Los Angeles.
  • Je sais Andrew mais il faut trouver une solution ; tu as vu les sondages, les électeurs me trouvent trop pincée. Il faut croire que l’élégance a changé de définition.
  • Maman je te rappelle, on va trouver une solution.
Sans réponse, Andrew ajoute :
  • Maman tu es toujours là ?
  • Oui excuses moi Andrew, Susan vient de nous envoyer un message, à moi et aux filles, pour un rendez-vous téléphonique à 10h00. Ca ne ressemble pas à une bonne nouvelle.
La conseillère en image revient avec un tailleur en tweed vert pomme.
  • Andrew je dois te laisser je te rappelle.
  • D’accord Maman à plus tard.
  • Charlotte, très chère, je suis désolée de devoir partir pour un rendez-vous urgent, dit Bree en acquiesçant un sourire faussement gêné.


Quelque part à Los Angeles :

  • Antenne dans 3 minutes ! résonna sur le plateau.
  • Alors à qui ai je affaire aujourd’hui ? Montres moi les fiches, ordonne Gabriel sur un ton sec.
  • Tiens, répond l’assistante.
  • Moche, Moche, Moche, archi moche, super moche, non mais qu’est ce qu’ils veulent que je fasse avec ces thons ?, s’exclame Gaby en jetant les fiches en l’air.
  • Gaby j’ai encore reçu un appel de cette fille, ça fait au moins 20 fois qu’elle appelle !
  • Qui ça encore, l’étudiante ?
  • Oui elle étudie la mode et voudrait participer à l’émission.
  • Donnes lui une invitation pour venir passer une journée durant le tournage, mais dis lui que si c’est encore une de ces modeuses de supermarché avec un blog pourri, elle peut rester chez elle.
  • C’est noté Gaby !
  • Antenne dans 30 secondes, tout le monde dégage du plateau !
Gabrielle se passe la main dans les cheveux, une dernière vérification du maquillage et tout est parfait !
  • Action !
Au moment de sourire, Gabrielle voit sur son téléphone portable un message de Susan. Elle sent l’appréhension l’envahir.
  • Coupez ! Gaby qu’est ce que tu fous ?
  • Ron je dois passer un coup de fil.
  • Tu te fous de moi ? On n’a pas que ça à faire, Gaby !! grommelle le régisseur.
  • Oh ça va Ron, colles toi un patch de nicotine et fermes la, balance Gaby en rejoignant sa loge.
  • Je vais la tuer !
Gaby envoit un sms à Susan tout en marchant ; en arrivant dans sa loge, la sonnerie retentit, Susan a déjà répondu :
“ je préfère en parler quand nous serons toutes en ligne, à toute à l’heure Gaby”.
Voilà une réponse qui ne rassure pas du tout Gabrielle …



10h00
  • Bonjour les filles, lance Susan sur un ton solennel.
  • Tout va bien Susan ? dit Bree.
  • Oui que se passe-t-il ? ajoute Lynette.
  • L’émission ne va pas se tourner sans la star, c’est à dire moi, alors prends ton mal en patience Ron, bouffes une racine, bois une tisane ou trouve toi une copine, ça nous changera. Et surtout boucles la !, Gaby éclate de rire.
  • Gaby, s’il te plaît, c’est le coeur lourd que je vous appelle.
  • Susan tu me fais peur, tu as eu un problème depuis la dernière fois qu’on s’est parlé ? demande Lynette.
Susan prend une grande inspiration, puis comme un artiste entrant sur scène, puis annonce en faisant son maximum pour garder le contrôle :
  • Bonjour les filles, pardon Gaby, je vous appelle pour une mauvaise nouvelle et je ne sais pas comment vous le dire.
  • Vas y Susan, on est toutes là, accouches ! lance Gaby.
  • Gaby ! grommelle Bree avec calme et fermeté.
  • Zac est mort.
  • Seigneur que dis tu ? Comment ça Zac est mort ?
  • Oui Zac, le fils de Paul et de Mary Alice, il est retombé dans la drogue et a fini par faire une overdose. Paul est dévasté, et à vrai dire, moi aussi.
  • Paul ? répète Lynette.
  • Oui Paul a été libéré il y a 6 mois et vit près d’ici. Il a passé ses quelques mois de liberté à tenter de faire entrer Zac en cure de désintoxication mais en vain. L’inévitable a fini par se produire, et aujourd’hui la mort est encore là … Susan éclate en sanglots.
  • Oh Susan c’est une terrible nouvelle. Même si Zac était un enfant perturbé, il était le fils de notre amie. Je comprends que cette nouvelle te peine.
  • Oui Susan tu as tout notre soutien à moi et à Tom.
  • Merci Lynette, merci Bree.
  • Excusez-moi les filles, mais j’ai quand même une question. Pourquoi tu parles encore à Paul ? aboie Gaby.
  • Gaby ça suffit ! ordonne Bree.
  • Oui Gaby, tu pourrais te montrer un peu plus compatissante, tu vois bien que Susan vit mal cette situation, dit Lynette en prenant un ton pédagogue.
  • Excuses moi Susan, je suis de tout coeur avec toi. Mais tu ne m’avais pas dit que tu étais restée en contact avec Paul, d’où mon incompréhension.
  • Peut-être que si tu téléphonais un peu plus souvent, tu serais au courant !
  • Susan !! Tu ne te rends pas compte, depuis que l’émission a démarré, je suis overbookée, et la circulation à LA c’est pas la joie ! Je rentre tard tous les jours et quand ce n’est pas Juanita qui décide de me rendre la vie impossible, c’est Carlos !
  • Au moins tu es en paix avec Célia ! ricane Lynette.
  • Tu sais très bien que Célia sur l’échelle de l’agressivité, c’est l'encéphalogramme plat alors que Carlos et Juanita réunis, c’est le big bang !, s’exclame Gabrielle en soupirant.
Alors que Bree et Lynette sourit à la frasque de Gaby, Susan prend quelques secondes comme pour annoncer une nouvelle encore plus grave :
  • Le filles, j’ai autre chose à vous dire, plutôt à vous demander.
  • Tout ce que tu voudras Susan, dit Bree.
  • On fera ce qu’il faudra, répond Lynette.
  • Gaby ? demande Susan.
  • Oui oui bien sûr, tant que tu ne nous demandes pas d’assister à ses funérailles, lance Gaby sur un ton railleur.
  • Euh ...
  • C’est ça que tu voulais nous demander Susan ? 
  • Susan nous serions ravies de pouvoir t’aider mais il est vrai que ce n’est pas du tout évident, nous avons toutes des emplois du temps chargés, dit Bree.
  • J’en suis consciente les filles, mais on s’était promis avant de quitter Fairview de rester unies quoi qu’il arrive et les années ont passé … La cérémonie aura lieu samedi prochain. Je sais que je vous demande beaucoup et que ce n’est pas évident, alors j’insiste, j’ai vraiment besoin de vous.
Susan éclate en sanglots.
  • Oh Susan, si c’est important pour toi, alors tu peux compter sur moi, dit Bree.
  • Je serai là aussi Susan, ajoute Lynette.
Après quelques secondes de silence, les regards se concentrent sur Gaby.
  • Evidemment que je serai là, après tout ce qu’on a vécu ensemble, je ne vais pas vous laisser tomber.
  • Merci les filles, ça compte beaucoup pour moi, et je suis sûre que Paul sera également touché de votre présence.

Ces quelques mots suffisent à réconforter Susan, qui après avoir affiché un large sourire de soulagement, remercie ses amies et leur souhaite d’avance bon voyage.


Le samedi suivant à Fairview

C’est par ces quelques mots que le pasteur conclut la cérémonie :
  • Les voies du Seigneur sont impénétrables, et malgré notre chagrin, nous lui sommes reconnaissants de t’accueillir dans son royaume afin que tu puisses, Zachary Young, trouver la paix et le repos éternel.
Susan, en larmes, tente de réconforter Paul, effondré, en le serrant autant qu’elle peut.
  • Paul je suis tellement désolée pour toi, je ne trouve pas de mots assez forts pour t’exprimer me condoléances et t’apporter un peu d’espoir.
  • Susan, dit péniblement Paul sanglotant, tu ne le peux pas, mais ton soutien me touche et malgré tout me fait du bien.
Les 3 amies, debout derrière Paul et Susan se rapprochent de Paul :
  • Paul, toutes mes sincères condoléances, dit Lynette en posant sa main sur son épaule.
  • Oui Paul si nous pouvons faire quoi que ce soit pour te soulager alors tu n’as qu’à nous le dire, ajoute Bree.
  • Paul, nous n’avons jamais été très proches dit Gaby en affichant un sourire sur commande dont elle a le secret malgré les larmes qui se forment dans ses yeux, aucun parent ne devrait avoir à vivre la perte de son enfant. Je suis sincèrement désolée, ajoute-t-elle péniblement.
  • Merci mesdames pour vos mots, et surtout merci de votre présence. Après toutes ces années d’enfermement, le simple fait que vous vous soyez déplacées pour un jour si noir pour moi, me va droit au coeur et je vous en suis reconnaissant.
  • C’est Susan qui nous a annoncé cette terrible nouvelle, nous nous devions d’être là pour toi, pour Zac et pour Mary Alice qui étaient une amie chère.
Paul regarde Susan droit dans les yeux durant quelques secondes. Les regards peuvent dire beaucoup de nos pensées, de nos intentions. Il y a les regards perçants, méprisants, le regards qui sont tout autant difficiles à affronter qu’une arme pointée sur soi, et puis les regards bienveillants, ceux qui ne mentent pas, ceux qui viennent du coeur.

  • Paul nous allons te laisser quelques minutes pour te recueillir, lance Lynette.
  • J’aimerais en profiter pour me recueillir auprès de la tombe de Mike, dit Susan.
  • Oui j’ai dit à Carlos que je déposerai un bouquet de fleurs à sa mère.
  • Cela fait longtemps que je n’ai pas été voir Rex de mon côté.
  • Ma mère est ici aussi, et je peux l’entendre d’ici se plaindre de mon absence ! dit Lynette.
  • Les filles, j’ai une idée, surenchérit Susan sur un ton plus enjoué, allons chercher nos bouquets de fleurs dans la voiture et faisons le tour ensemble pour leur rendre hommage.
  • Tu as raison Susan, cela fait déjà 10 que nous sommes toutes parties.
  • Et bien il faut croire qu’à notre âge, nous devrons nous habituer à faire ce genre de choses plus souvent, dit Lynette sur un ton gentiment moqueur.
  • Oui allons y, conclut Gabrielle.

Le silence est de rigueur dans ce genre d’endroit, et c’est dans le silence que mes 4 amies se rendent tour à tour sur ma tombe, sur celle de Juanita Solis, de Rex VandeKamp, de Stella Kaminsky, de Karen McCluskey, Roy Bender, puis la mienne, et enfin Mike Delfino.
D’ordinaire le chagrin est une douleur qui guérit uniquement avec le temps et l’amour de ses proches, puis petit à petit, à mesure que nos âmes rejoignent le monde de la lumière, il s’estompe pour ne laisser place qu’à la nostalgie des bons moments passés ensemble. En théorie seulement, devant la tombe de Mike, Susan éclate en sanglots de plus en plus fort, pas de ces pleurs qui ne durent qu’une seconde, mais des pleurs qui laissent entendre que la plaie n’est pas cicatrisée.
  • Susan ça va ? demande Lynette sur un ton maternel.
  • C’est trop d’émotions, dit elle en tentant de se reprendre, sans succès. La mort de Zac, la douleur de Paul, revoir les tombes de toutes ces personnes qu’on a aimées, vous toutes ici … Puis Susan éclate à nouveau en sanglots.
Les 3 amies entourent Susan comme pour la protéger d’un danger extérieur.
  • Tu veux en parler Susan ? demande Bree, réconfortante.
  • Aujourd’hui et malgré les 10 années qui se sont écoulées, je me rends compte du vide, je me sens affreusement seule, c’est terrible je n’avais pas réalisé à quel point vous me manquiez les filles, puis prenant son visage dans ses mains pleure à nouveau.
Gabrielle, peinée de voir son amie aussi malheureuse, tente de la rassurer et de lui redonner le sourire :
  • Les filles vous savez ce qu’aurait dit Mary Alice ? Il n’est aucune difficulté qu’une bonne tasse de café ne sache venir à bout !
Et oui Gabrielle, précisément !

Quelques minutes plus tard, quelques rues plus loin, mes 4 amies se retrouvent dans un diners autour d’un café :
  • Dis donc Bree, t’aurais pu apporter un de tes paniers de muffins comme ceux que tu faisais aux myrtilles, dit Gabrielle avec un large sourire.
  • Et bien je dois avouer que cela fait déjà un moment que je n’ai pas cuisiné et ça me manque, à dire vrai.
  • Tu dois être débordée avec la campagne pour l’élection du gouverneur, reprend Lynette.
  • Ne m’en parles pas, plus l’échéance approche, et plus j’ai l’impression que ma tête va exploser. Les crises s’enchaînent dans mon cabinet, et j’ai même du mal à gérer ma communication et cela passe aussi par mes tenues. A croire qu’il est impossible de trouver quelque chose de convenable et qui ne date pas d’une époque où les femmes étaient contraintes de se taire dans l’état du Kentucky.
  • Tu es pourtant une femme, comment dire sans être vexante, conservatrice, dit Gaby.
  • Ce mot semble être un gros mot dans ta bouche, Gabrielle Solis !
  • Je dirais même que Gabrielle a finalement appris à être diplomate, peut-être que tu devrais te présenter à cette élection Gaby ! se moque Lynette.
  • Non mais tu plaisantes, j’ai été mariée à un maire je te rappelle, passer son temps à serrer des mains d’hommes d’affaires véreux et de thons psychorigides, non merci ! Définitivement !
  • Ah les filles je suis triste mais tellement contente qu’on se retrouve dans ce café, toutes les 4, dit Susan très enthousiaste en tenant les mains de ses amies.
Chacune regarde ses amies et sourit, le temps ne compte pas.
  • Oh mais je viens d’avoir une idée, annonce Lynette. Pourquoi  ne viendriez-vous pas toutes passer le week-end du souvenir dans notre maison des Hamptons ?
  • Attends t’as une maison dans les Hamptons ? dit Gaby.
  • Et bien il me semble que c’est là une très bonne idée, sourit Bree.
  • Je suis libre comme l’air, enchérit Susan.
  • Tant qu’il y a de l’alcool, pardon Bree, et ni enfant ni mari, alors tu peux compter sur moi.
  • Marché conclus alors !, termine Lynette.

C’est sur cette belle promesse se conclut cette journée qui avait commencé tristement.


JE TE VOIS MAIS TOI TU NE ME VOIS PAS

Mes amies ne se doutaient pas qu’elles étaient observées. Par cette journée riche en émotions de toutes sortes, Lynette, Bree, Susan et Gabrielle se sentaient coupées du monde et du temps à la manière d’un film sur lequel on aurait mis pause.
Pourtant, il est bien là, assis dans sa vieille Volkwagen à les contempler. 
Il remercie le hasard, lui qui ne croit pas au ciel, d’être tombé sur elles tandis qu’il était sorti faire quelques courses à l’épicerie. Epicerie qui se trouve en face du diners.
En quelques secondes, les idées fusent dans son esprit, il se dit qu’il est temps d’obtenir plus de la vie, beaucoup plus. Une vie de misère, d’épreuves pour s’élever dans la société et un seul constat, beaucoup de tentatives et beaucoup d’échecs.
“Je vais prendre tout ce que tu as, tu as tout et moi je n’ai rien”.
Le fait de prononcer ces mots lui font penser à un film, celui qui réunit Kevin Costner et Whitney Houston, dont le succès lui vaut d’être harcelée par un fan désorienté. 
“Mais moi je suis plus classe que ce loser, et je vais échafauder un plan qui te conduira au véritable destin de Whitney Houston …” 
En démarrant son moteur, il se mit à ricaner à cette pensée …


HOME SWEET HOME

En rentrant chacune chez soi, mes amies retrouvèrent leurs occupations habituelles.

Susan décida d’aller voir sa mère, veuve elle aussi, mais toujours aussi exaltée.
-Ma chérie, je suis tellement contente de te voir. Tu es heureuse d’avoir revu tes amies ?
- Maman nous nous sommes vues pour un enterrement !
- Je sais ma chérie mais c’est touijours agréabe de revoir de vieilles amies, n’est ce pas ?
- Oui je dois avouer que c’était difficile dans pareilles circonstances, mais que je ne me rendais pas compte qu’elles m’avaient autant manqué.
Susan se mit à regarder dans le vide, pensive, revoyant des années passées dans une rue où tout le monde se connaissait, où le enfants riaient, où elle avait trouvé l’amour de sa vie. Mike si seulement tu étais encore là pensa-t-elle.
  • Tu es sûre que ça va ma chérie, ton visage me dit qu’il y a autre chose ?
  • Ca va, mais tu as raison il y a autre chose. Quelque chose de plus profond. 
  • Parles moi trésor ça te soulagera.
  • Merci Maman d’être là, dit Susan en serrant sa mère dans ses bras. Julie et moi avons des rapports un peu difficile en ce moment.
  • Comment ça se fait, vous vous entendez si bien ?
  • Oui c’est vrai, mais depuis quelques temps Julie fréquente un homme, et s’énerve souvent quand je dis le moindre mot. J’ai le sentiment d’être de trop et ça m’angoisse. Ce qu’il y a, c’est que ça me donne l’impression de ne plus être utile à qui que ce soit.
  • Tu exagères chérie, tu as toujours ton petit garçon.
  • Il a 17 ans, Maman, dans un an il rentrera à l’université et partira faire sa vie ailleurs et qu’est ce qu’il va me rester à moi ? Rien !
  • Mais non mon coeur je suis là moi.
  • Je sais Maman, mais ce n’est pas pareil. Je n’ai plus de copines avec qui boire un café et et se raconter les derniers potins, mes enfants n’ont plus besoin de moi, l’homme de ma vie est mort, je n’ai pas peint depuis des années. Ma vie est finie !
  • Oh non Susan, calmes toi je vais te servir un petit verre. 
  • Au point où j’en suis.
  • Chérie on a toujours besoin de sa maman, regardes ! Les choses changent, Julie et MJ vont avoir besoin de plus d’espace, et toi tu as besoin de nouveaux projets.
  • Qu’est ce que je vais bien pouvoir faire ?
  • Tu pourrais commencer par organiser une virée toutes les deux ? On irait à Vegas et on draguerait des cow boys !
  • Ah oui c’est donc ça la vie, on a besoin de ses parents, on grandit et on a besoin d’espace, on vieillit et toutes les veuves font la fête ensemble ! Super !
  • Susan ma chérie j’essaie de t’aider.
  • Je sais Maman, excuses moi d’être cynique. Lynette nous invite dans les Hamptons un week-end, je crois que ça me fera beaucoup de bien. Je vais y aller, je voudrais téléphoner à Paul, le pauvre il est au fond du trou.
  • Tu vois, plein de projets et quelqu’un a besoin de toi, mais n’oublies pas que ta mère aussi !
  • Oui Maman, je t’aime. A bientôt !
En rejoignant sa voiture, Susan appela Paul. Aucune réponse, elle réessaya 3 fois, sans succès.
“ Ca m’inquiète, j’espère qu’il ne fera pas de bêtise” marmonna-t-elle en démarrant.
Elle sentit l’angoisse monter.
“ Ce regard, Paul m’a regardé étrangement, j’ai déjà vu ce regard … Qui ?”
L’angoisse fut remplacée par une fouille au fond de ses souvenirs, mais là encore sans résultat.


Arrivée enfin à LA, Gabrielle Solis jeta ses affaires dans l’entrée dans sa villa, et se précipita dans la cuisine retrouver son mari.
  • Chéri je suis exténuée. Serres moi un verre s’il te plaît !
  • Gaby tu sais bien que je ne bois plus !
  • Personne ne t’a demandé de le boire !, dit elle en versant le bourbon.
Carlos fit une sorte de grimace, puis sourit à sa femme :
  • Comment ça s’est passé ? 
  • Comme un enterrement, tout le monde a chialé, et Bree n’a même pas apporté de muffins, tu te rends compte ?
  • Gaby, c’est un enterrement et toi tout ce que tu remarques, c’est l’absence de muffins maison ?
  • Ca va Carlos tu me connais !
Carlos fit une moue de la bouche en tournant les yeux “mouais”.
  • D’ailleurs Lynette nous invite à passer un week-end dans sa maison des Hamptons, c’est chouette ? dit Gaby vraisemblablement ravie.
  • C’est vrai que tu travailles tellement qu’une escapade ne nous fera pas de mal !
  • Ah non mais t’es pas invité ! C’est un week-end entre filles : plage, massages, gommages, bavardages et vin à volonté, le rêve !, dit elle réellement enthousiasmée.
  • Mouais, Carlos fit la même moue.
  • Détends toi Carlos, t’auras la maison pour toi tout seul ! Invites des potes et buvez des bières ! Enfin des infusions de réglisse si tu préfères. Qu’est ce qu’on mange ce soir ?
  • Une salade de chou et des légumes cuits avec du tofu.
  • T’as invité un couple de gays ?
  • Gaby si t’es pas contente, tu n’as qu’à cuisiner.
  • C’est ça ouais ! ricana-t-elle. Regardes bien ça, dit elle en détaillant son corps de la tête aux pieds, ça c’est le numéro un de l’audience des émissions de l’après-midi dans tout le pays. Pourquoi ? Parce que je ne cuisine pas ou ne me farcit pas toutes ces corvées, comme le font les millions de femmes qui me regardent tous les après-midi.
  • Ok je vais méditer, j’ai un besoin urgent de restaurer la paix dans mes chakras.
  • Vas donc, je vais me servir un autre verre.
Carlos quitta la pièce, et Gaby partit en direction du salon avec son verre à la main et son téléphone dans l’autre. Soudain, quelqu’un sonna.
Gabrielle posa son téléphone et partir ouvrir en sirotant une gorgée :
  • Bonjour Madame Solis, pardon de débarquer sans prévenir.
Gaby n’en crut pas ses yeux, elle sentit le sol se dérober sous pieds …


Il pleuvait fort à New York lorsque l’avion qui ramenait Lynette de Fairview atterrit à l’aéroport de La Guardia. La journée avait été exténuante, et le calme qui régnait à bord de ce vol permit à Lynette de repenser à tous les souvenirs partagés avec ses amies. Elle se souvint de quand elle avait emménagé dans Wisteria Lane, de la naissance de chacun de ses enfants, des dîners donnés, d’innombrables parties de poker autour d’un café, du combat contre la maladie.
Cette rêverie nostalgique fut interrompu par le commandant de bord :
  • Mesdames et messieurs votre attention s’il vous plaît. Nous commençons notre descente vers l’aéroport de La Guardia pour un atterrissage prévu à l’heure. Un gros orage est en cours dans la région de New York, nous allons donc subir quelques turbulences. Merci de bien attacher votre ceinture jusqu’à notre point de stationnement.
Lorsqu’elle sortit du terminal, Lynette se dit qu’elle avait de la chance de trouver une voiture avec chauffeur qui l’attendait pour la ramener chez elle, mais que même si son voyage avait été éclair, elle avait encore plus de chances d’avoir retrouvé ses amies pour quelques heures.
De retour chez elle, Tom l’attendait avec un verre de vin rouge :
  • Bonsoir chérie, ton voyage s’est bien passé ?
  • Salut ! Oui ce voyage a été bénéfique malgré les circonstances ! Lynette esquissa un léger sourire.
  • Tu sens que ça t’a fait du bien ?
  • Oui je crois que c’est le meilleur traitement !
  • Ma chérie est ce que tu leur en as parlé ?
  • Non Tom nous n’avons pas eu le temps. Après la cérémonie nous avons à peine eu le temps de boire un café toutes les 4 et ce n’est pas le genre de nouvelles qu’on annonce sans prévenir !
  • J’en suis bien conscient Lynette mais tu sais que tu vas avoir besoin de soutien, tu ne peux pas porter ça toute seule.
  • Tu as raison, Tom, et justement il m’est venue une idée, dit elle avec un sourire malicieux.
  • Ah laquelle ?
  • J’ai invité les filles à passer le week-end du souvenir avec nous dans les Hamptons. C’est une super idée non ?
  • Oui c’est super, mais tu penses qu’on aura assez de place pour loger tout le monde ?
  • Tom évidemment ! C’est un week-end entre adultes, à l’exception de Paige bien sûr, il n’y aura que les filles et nous. On va boire du vin, jouer aux cartes, se promener sur la plage, faire des barbecues, ce sera super !
  • Tu as raison chérie, alors pas un mot aux enfants !!
  • Ce sera notre petit secret !
C’est par un baiser passionné que se conclue cette conversation.


A Louisville, c’est son fils qui attendait Bree. De l’adolescent rebelle à chef de cabinet, la route avait été longue. En l’apercevant, Bree se dit qu’elle avait finalement de la chance que son fils soit sorti de sa dépendance.
  • Mon chéri je suis si contente de te voir.
  • Moi aussi je suis content de te voir, mais je te rappelle que c’est moi qui t’ai déposé à l’aéroport ce matin Maman. Tu t’es remise à boire ?
  • Non Andrew ! Je me disais juste que j’avais de la chance que tu aies pu sortir de ta dépendance. Zachary lui n’a pas eu cette chance.
  • C’était un garçon compliqué avec une histoire compliquée. Malheureusement c’était presque prévisible. 
  • Ne sois pas cynique Andrew pour l’amour du ciel !
  • Non mais c’est vrai combien de chances avait-il de s’en sortir réellement ?
  • Mieux vaut ne pas y penser. Des nouvelles de la campagne ?
  • Les sondages sont stables mais tu ne gagnes pas de nouveaux électeurs. Il va falloir trouver des points de différenciation pour les prochains meetings. Tu pourrais te déclarer favorable au cannabis, pour le mariage gay ?
  • Andrew as tu reçu un choc sur la tête récemment ?
  • Maman, les autres candidats républicains ont des positions à quelque chose près semblables aux tiennes. Si tu veux les dépasser dans les intentions de vote, il va falloir des idées novatrices et un look qui n’indique pas que la dernière fois qu’un homme t’a vu nue, il a dû enlever les toiles d’araignées.
  • Andrew je te rappelle que je suis ta mère !
  • Oui et moi ton chef de cabinet, il faut que tu prennes des risques pour gagner.
  • Peut-être, je ne veux pas réfléchir maintenant je suis fatiguée !
  • Il y autre chose Maman.
  • Oui quoi donc ?
  • Tu as reçu une autre lettre.
  • Une lettre du corbeau ? Que dit-il ?
  • Toujours la même chose, tu as tout et moi je n’ai rien, mais cette fois ci il a ajouté que bientôt tu connaitrais le même destin Whitney Houston.
  • Seigneur qu’est ce que ça veut dire ?

2 commentaires:

  1. Excellent, on se croit vraiment plongé dans un épisode de Desperate Housewives et on attend la suite avec impatience !

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  2. Mon mari et moi sommes mariés depuis plus de 10 ans. Nous nous sommes rencontrés à 18 ans et lui à 21 ans. Nous avons vécu beaucoup de choses émotionnellement ensemble. Il y avait plusieurs énormes combats et situations douloureuses dans notre mariage, mais nous semblions toujours sortir plus forts de l'autre côté. À l'improviste, mon mari vient de lancer le discours de divorce sur moi, et il a fini par communiquer avec moi pendant deux mois. J'étais totalement déprimé jusqu'à ce que je trouve le numéro d'Osita en ligne et que je cherche un sort d'amour. Vous ne croirez pas que mon mari m'a appelé à l'heure exacte où ce lanceur de sorts a terminé son travail de sort dans 24 heures, j'ai été totalement étonné! Il est merveilleux et ses sorts fonctionnent si vite. Numéro WhatsApp Dr Osita +15088120454 ou Via: drositamiraclespell@gmail.com, vous pouvez également le joindre pour réunir votre mariage.

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