QUAND PEUR RIME AVEC FOLIE

Zélie Bellon
Mai 2013


Je te vois, je t’observe. Tu es plutôt jolie quand tu ne pleures pas, malgré tes cheveux emmêlés. Maintenant, c’est à toi de m’observer, tu m’as enfin remarqué. Ton visage change rapidement de couleur, il passe de ton traditionnel teint porcelaine au verdâtre. Et Dieu sait que cette couleur ne te va pas.  Je doute même qu’elle aille à quelqu’un… Enfin passons. Tu recules que quelques pas, tu regardes autour de toi, oui, tu as peur. Je la sens, je la flaire. Mais personne ne te voit, personne ne t’entendra, si tu te décides à crier. Surtout, personne ne viendra. J’aime quand tu cries. Mais ne t’inquiète pas, bientôt, tu te contenteras de trembler silencieusement, regardant toujours par dessus ton épaule. Tu ne pourrais plus te regarder dans le miroir sans me voir, derrière toi avec un sourire affable.

Oh, je vois deux grosses gouttes salées couler le long de tes joues. J’aimerais les goûter, mais ton cœur sera semblable à celui d’un lapin, tu en mourrais. Et puis le jeu est si drôle, te voire frapper cette porte, crier, encore et encore. Puis, enfin, tu arrêtes de m’exploser mes oreilles. Ta voix s’est brisée, comme un fin fil d’araignée. Car maintenant, tu me fais penser à une araignée. Mes membres fins, longs, maigres. Et tes doigts, qui étaient si agréable à regarder, sont maintenant que de longues tiges osseuses, terminés par de vieux ongles jaunes, rongés jusqu’au sang. Mais ce sang se dilue un peu, dans tes yeux rouges par les larmes, aux veines éclatés. Tes yeux si beaux, si purs, si bleus. Mais cette pureté est ineffaçable, malheureusement. Je préfère grandement cette peur continuelle dans ton regard.

Affalée dans un coin de ta chambre capitonnée, tu me gémis de te quitter, de partir et de te laisser tranquille. Mais je ne suis pas une gentille personne moi, je suis Lucifer, je suis la Peur et la Folie. Je suis toi, ma Chère. Tu  ne me crois pas ? Et bien tu as tort.

Je suis la Peur et la Folie. Je suis le Bien et le Mal. Je suis Lucifer. Et je suis vous, Chers Humains de mon cœur. Nul ne peut m’ignorer, nul ne peut m’oublier. Je suis votre Ombre, je suis votre Ame. Parfois, la Joie prend ma place. Mais je suis le Yang, votre face sombre. Je suis là, derrière vous. La Joie amène à la tristesse, la tristesse à la colère, la colère à la peur et la peur à la Folie. Nous sommes des sœurs, nous ne nous quittons pas.

Je suis l’Homme.


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