LA VALISE

Maud Levy Berreby
Juillet 2013


J'étais a l'école primaire , en première année de cours élémentaire

Ce n'était pas l'heure de la récréation cependant l'institutrice nous avait demandé de sortir dans la cour de l'école. Nous nous sommes exécutés en silence. Dans les autres classes,le même ordre avait été donné. Tous; assis sous le préau

attendions dans le plus grand des silences des explications .

Que se passait t'il? Au loin des déflagrations,des bruits d'explosion,les uns après les autres,des proches,des très proches,des moins proches et dans la cour,ce silence,lourd;très lourd;interrompu par cette valse de Boums et entrecoupé d'une fanfare de sirènes.C'est ce jour là que la guerre d'Algérie a débuté ,c'est ce jour là je n'avais que 7 ans, que mon enfance a basculé, que le cauchemar a commencé

J'habitais rue Vieille Saint Augustin a Bône(Annaba c'est son nom depuis l'indépendance)

Pour arriver chez moi,il fallait traverser le quartier de la place d'Armes,un quartier très animé,et encore plus animé ce jour là. En effet il y avait eu de nombreux attentats,et le quartier n'avait pas été épargné.une grenade avait été jetée dans un restaurant et elle était tombée dans la poêle du garçon qui faisait frire des briques a l'œuf(plat particulièrement apprécié en Afrique du nord )Comique ou tragique?quand on n'a que 7ans ce sont les petits détails qui marquent;les grands les adultes parlaient de guerre,mais pour moi ,cette grenade prenait la forme d'un ballon d'une balle de tennis d'une balle de ping- pong,cela variait selon les nuits ,selon l'intensité des évènements et des attentats qui s'étaient produits dans la journée. Ainsi,des jours ,des années les attentats se sont poursuivis.Il n'était pas question de prendre des vacances,d'aller même chez mes grands parents à Constantine,c'était dangereux de prendre le train; les fellagas les faisaient dérailler..

Maman tenait un petit magasin sous le marché qui s'appelait "Maud"et à la sortie de l'école ,mon frère et ma soeur venaient me chercher et m'emmenaient au magasin chez maman afin que nous restions tous ensemble. A 19 h à la fermeture,nous partions rejoindre papa qui travaillait tout prêt et la famille rentrait a la maison: Traverser la place d'Armes ,c'était comme traverser un champ de mines.

Un soir,en chemin,alors que nous passions en face d'un café tout prêt du travail de mon père;les lumières se sont brutalement éteintes a l'intérieur du café. Telles des ombres chinoises les hommes tombaient les uns sur les autres dans un fracas de bris de verres assourdissant:.Ce n'est qu'après quelques secondes qu'un énorme boum qui résonne encore dans mes oreilles s'est fait entendre:Un soldat est sorti,son œil dans la main,je revois cet homme titubant et hurlant en anglais(ce meme jour etait arrivé un bataillon de soldats américains et ils arrosaient leur arrivée en Algérie);sordide arrosage.

Ce jour la,j'ai compris qu'il se passe quelques bonnes secondes entre le bruit de la déflagration que l'on entend et l'explosion elle même;,drole de préoccupation pour une petite fille de 8 ans.

Ainsi de 1954 a 1962,les évènements se sont poursuivis aux rythmes de "ALGERIE FRANCAISE" et "YA YA BEN BELLA"nous étions spectateurs,à travers les persiennes fermées de notre premier étage du 10 rue Vieille St Augustin qui dominait toute la rueet la place. Quand la situation était trop grave ,nous partions nous réfugier chez les cousins qui habitaient dans un quartier moins chaud mais ces allées et retours m'étaient insupportables ,il ne fallait rien oublier,ni les cours,ni les devoirs ,ni nos vêtements,et cela pouvait durer assez longtemps. J'étais déjà en classe de cinquième et je me souviens de cet énorme dictionnaire de latin sans lequel je ne pouvais faire mes devoirs,qu'il fallait trimballer dans nos bagages de fortune .La guerre ne nous exemptait ni des devoirs ni des compositions,ni des examens.

Durant ces 6 années,nous avons eu très peu de répit ,le dimanche si nous avions la chance de pouvoir aller acheter un créponnet (sorbet au citron)sur le cours Bertagna, nous ne prenions pas le temps de nous attabler car c'était dangereux,nous prenions ce petit moment de bonheur à la sauvette,la glace à la main,on se dépêchait de rentrer chez nous. Maman me disait toujours;"Quand tu vois une femme voilée,regardes bien ses pieds;.si elle a de grands pieds sauves toi car c'est sùrement un homme déguisé en femme qui veut commettre un attentat "

En été 1961,la situation devenant invivable, mon père réussit à acheter des places de bateau il fallait fuir.,Nous sommes partis le lendemain. Les 4 enfants,maman et mes deux cousines de 3ans et 4 ans:Sept personnes,sept valises;sept billets: ,je ne me souviens même pas de la date exacte de notre départ,nous étions complètement traumatisés et le voyage fut terrible. J'avais maintenant 12 ans et je me sentais enfin délivrée de cet enfer que nous avions vécu,j'aspirais enfin à un peu de bonheur mais l'arrivée au port de Marseille avait été catastrophique."On ne veut pas de vous les pieds noirs"nous avait crié le chauffeur de taxi"

Où aller?Maman avait un frère a Saint Etienne,c'était notre seul salut,se débrouiller pour trouver un train qui nous amène a Saint Etienne,nous avons pris un train omnibus qui s'arrêtait à toutes les gares, le voyage n'en finissait plus et à l'arrivée,quelle surprise,Saint Etienne pour moi aurait du être le paradis mais je me souviens d'une ville noire et triste,en un mot pas du tout attirante. Je me souviens de la méfiance des gens qui nous rencontraient,nous étions à leurs yeux des colons donc forcement ni désirés ,ni attendus.Après quelques semaines passées chez notre oncle,nous avons obtenu grace à son aide un petit appartement dans un HLM(habitation a loyer modéré) à cinq kilomètres de Saint Etienne,dans un hameau du nom de Saint Jean Bonnefonds, nous étions contents,nous allions enfin avoir un petit chez nous,à la campagne,au milieu des paysans,des fermiers,des vaches qui paissaient dans les près,je n'en avais jamais vues auparavant ;ou en tout cas je n'en avais pas le souvenir,ici elles paissaient en toute tranquillité,pas un bruit pas d'explosions pas de sirènes,pas d'ambulance,le calme,ce n'est pas évident de s'y habituer rapidement.

Et puis l'hiver est arrivé,l'hiver le plus froid que je n'ai jamais connu,jusqu'à -35 degrés cette annèe là et un misérable poêle a charbon pour nous chauffer, un hiver glacial ,les bottes,les manteaux,les bonnets,les gants,nous ne connaissions que l'hiver très doux de l'Algérie.,Afin de garder les pieds au chaud et pour éviter les engelures,maman nous mettait des journaux dans les bottes et ainsi nous avions un peu moins froids quand nous attendions l'autobus le matin pour aller au lycée

.Nous avons découvert également le verglas;cette plaque de glace transparente et invisible .En sortant de l'immeuble,maman a poussé la porte cochère ,a posé un pied dehors,un seul, pas le deuxième, elle est partie en vol plané et a atterri dans les poubelles quiétaient sur le trottoir,la tête ouverte et un traumatisme cranien.

Ainsi nous sommes arrivés en France,nous qui vibrions intensément au chant de la Marseillaise,nous qui chantions "c'est nous les africains qui revenons de loin" nous les "Pieds Noirs"




4 commentaires:

  1. trop d'information .. élagué élaguée ...le traumatisme se devrait être plus soutenue entrecoupée de ces découvertes faites par les yeux de l'enfant /trop long.ou mal construit ...

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Joli texte au style correct. Les souvenirs sont bien restitués, le ton sonne juste. Je ne trouve cependant pas ce texte « trash » et je note un problème de ponctuation qui donne l’impression d’un manque de maîtrise de l’outil informatique : mots non séparés, virgules attachées au mot qui la suit, etc…
    Bonne continuation :)

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  4. Texte vraiment très émouvant que j'ai beaucoup apprécié et qui me paraît bien collé au sujet. Peut-être manque-t-il le regard de cet enfant, plus un point de vue (focalisé sur les horreurs) pour que ce soit impeccable. Merci pour ce témoignage d'une partie de l'histoire qui nous est inconnue.

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