MON DERNIER FEU D'ARTIFICE

Sylvain Prévost (Alias Tristan)
Juillet 2013

Ce texte remporte le concours "Trash de vie" !


L’explosion s’est produite il y a moins de dix minutes mais déjà, des millions de filaments bleus dansent dans le ciel. Autour de moi, le temps s’est arrêté, les gens sont tétanisés. J’entends le vent qui souffle, j’ai peur et je serre ta main très fort. Je pense à cette vie avec toi qui commence à peine. J’ai froid, mon coeur bat à rompre et j’entends un crépitement assourdissant, insupportable. Au loin le nuage s’approche, inexorablement. Soudain, tout s'accélère : sous mes yeux incrédules, des milliers d’oiseaux tombent du ciel, se brisent sur le sol et propulsent dans les airs un jet de billes écarlates. Partout sur Terre, c’est un ballet de particules, un gigantesque feu d’artifice bleu et rouge qui vient célébrer la mort. Comme des vagues, des millions d’insectes pétrifiés s’abattent sur moi au gré des bourrasques de vent. Mon coeur s’est arrêté, je ne réalise pas ce qui se joue sous mes yeux. J’entends un bourdonnement sourd, je vois le nuage qui tourbillonne lentement comme un vortex. C’est énorme, c’est hors norme. Je sens la mort qui irradie tout sur son passage, je vois la peur sur les visages. Les secondes s’égrainent, je sens des mâchoires qui se crispent, je vois des yeux qui saignent, j’entends des os qui se rompent. Au loin, le vent hurle de rage, des silhouettes se disloquent dans le nuage. C’est alors que la terre se craquelle et se met à cracher sans discontinuer un flot de visages déformés par un mal invisible. Je reçois des bouts de dents, des lambeaux de chairs, des morceaux de langues. Je suis terrorisé, je serre ta main très fort mais tes doigts ont fondu sur ma peau. Je hurle, je hurle mais déjà le nuage m’empoisonne, autour ses filaments bleus crépitent et résonnent. Mes oreilles explosent, mes yeux giclent de leur orbite, mon sang s'ébouillante, mes veines claquent sous ma peau. Je sens que tout mon être s’arrache à mon corps. Alors que mon esprit est propulsé dans les airs, je vois en contrebas mon corps qui se fracasse sur le sol. Chaque parcelle de ce qui a été moi se brise en mille fragments roses et rouges qui virevoltent dans le ciel. C’était mon dernier feu d’artifice.




5 commentaires:

  1. Très court, mais pour le coup cela ne dessert en rien le texte. Tout est dit, cela prend aux tripes. Bravo.

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  2. Texte concis te bien écrit. par contre pourquoi "Je" alors que le narrateur meurt à la fin ? Cela ne va pas. Erreur de débutant ?

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  3. Bien, très bien, mais le narrateur peut-il mourrir? Qui prend la relève pour décrire le corps mort?

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  4. Intéressant vos commentaires. Pour ma part le « je » ne m’a absolument pas dérangée. Je trouve même que cela donne plus de force au texte. Et c’est l’âme, tout naturellement,qui décris ce qui arrive à son corps.:)

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